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- 11/04/2025 à 10:23
2ème JOUR DU FIFEJ : 1er Colloque et Compétitions

Pour cette deuxième journée d’activités au sein du Festival International du Film pour l’Enfance et la Jeunesse de Sousse (FIFEJ), l’attention a été portée sur le 1er colloque au programme, organisé aujourd’hui jeudi 10 avril 2025 à l’Institut Supérieur des Beaux-Arts de Sousse, portant sur « L’importance d’intégrer les arts et l’analyse de l’image cinématographique dans les curricula scolaires » pour un « Nouveau modèle éducatif ».
Un colloque modéré par Mme Yosra Daâloul, experte et militante des droits, et auquel ont contribué les professeurs Abdelbasset Ben Hassen, membre de la Commission internationale pour l’avenir de l’éducation de l’Unesco et Président de l’Institut arabe des Droits de l’Homme, Abdel Husseïn Shaâbane, chercheur et écrivain irakien et Mustapha Cheikh El-Zouali, conseiller général et expert en vie scolaire au ministère de l’Education nationale.
Cette conférence, en s’appuyant sur le rapport de l’Unseco au sujet d’un nouveau contrat social pour l’éducation, met en lumière l’importance d’intégrer les arts, particulièrement l’image, celle cinématographique en premier lieu, dans les programmes scolaires. Une approche qui vise à favoriser le développement de la pensée critique et créative chez les jeunes, les apprenants, tout en renforçant leur sensibilisation culturelle et visuelle.
Présentant ce colloque, Mme Yosra Daâloul a tenu à préciser que le rapport sur lequel est basé ce colloque a été élaboré suite de la tenue, en 2022 à New-York, d’une conférence internationale sur l’éducation, qui a énoncé plusieurs recommandations pour la réforme de l’éducation à travers le monde.
Analysant succinctement le contenu de ce rapport et ses objectifs, M. Abdelbasset Ben Hassen a tout d’abord mis l’accent sur la relation entre l’enseignement public qui est devenu un choix inéluctable, et les arts et le cinéma, rappelant une expérience passée où il y avait ces projections publiques en plein air (les murs blancs servant d’écran) et le développement des ciné-clubs.
Et afin de donner à l’enseignement le rôle qui lui est dévolu, il faudra penser au développement de ce secteur comme celui des autres domaines, industriel par exemple, agricole, technologique, etc.
M. Ben Hassen a mentionné une étape importante dans l’action de transformer le système éducatif, celle de Feu Mohamed Salah Mehidi, en 1929, visant l’enseignement à la Zitouna d’alors. Tout comme l’action de Tahar Haddad et d’autres réformistes et sans oublier les grandes autres réformes de l’éducation d’Edgar Faure, en 1972, et celle de Jacques Delors, en 1992.
Ce qui démontre que les appels à la réforme de l’enseignement a toujours été présente, en raison, entre autres, de la place qu’occupe ce domaine au sein de toute société et de la vie sociale en général.
Revenant sur le contenu de ce rapport de l’Unesco (traduit rappelons-le en 20 langues), le conférencier a soutenu que l’important à mettre en pratique est d’abord « l’humanisation » de l’enseignement et puis la concordance des programmes à élaborer avec la réalité vécue par les sociétés à travers le monde.
C’est que les différentes crises que nous traversons, politiques et économiques, les guerres et les conflits, influent largement sur l’enseignement et son rendement. Cela en plus du développement des technologies, le dernier-né étant l’I.A. (l’Intelligence Artificielle) qui peut donner toutes les solutions possibles et imaginables, y compris la conception des programmes éducatifs...
Et pour bien mener cette large réflexion sur l’enseignement, une consultation a eu lieu touchant plus d’un million et demi de personnes, de toutes les couches sociales et de tous les secteurs, à l’instar des syndicats, des organisations estudiantines, des organismes sociaux et de la société civile, et même des Nobels.
Ce rapport comportera trois axes principaux, à savoir : les volets dans l’enseignement qui ont échoué et à dépasser, ceux qui ont réussi et à maintenir et à développer, et ceux à imaginer.
Les autres facteurs à prendre en considération sont la question des valeurs, l’enseignement en tant que bien commun et un droit pour la vie, un secteur partagé et mutuel entre tous les intervenants, et en premier lieu l’importance de la bonne gouvernance dans l’enseignement.
Et après analyses de tous ces éléments, il reste à définir les orientations à mettre en place : bien définir l’espace éducatif, un espace social sécurisé, le cadre éducatif qui reste au centre de l’opération réformiste et enfin, et le plus important, la construction de l’être parmi les apprenants.
Il s’agit donc d’un contrat social à renouveler, mais qui peut se trouver face à des choix politiques incohérents avec les objectifs visés.
Au final, ce rapport reste une référence de taille pour tous les pays dont certains ne cessent de développer leur enseignement et de le réformer, d’autres traînent encore à le faire pour diverses raisons, d’autres poursuivent la réflexion, cherchant les bonne solutions, a ajouté M. Abdelbasset Ben Hassen.
Seules donc les expériences pratiques donneront les bonnes réponses à donner à la réforme de l’enseignement.
Pour sa part, M. Abdel Husseïn Shaâbane a évoqué la relation entre le cinéma et les arts avec l’enseignement qui reste la base de tout développement et sa locomotive.
Parce que le Savoir en soi est un pouvoir qui peut inquiéter les autres pouvoirs…
Reste que la place qu’il occupe est toujours prépondérante au sein de la société à l’image de la scolarité féminine qui s’est multipliée par deux ces dernières décennies.
Les défis à relever a insisté M. Abdel Husseïn sont nombreux et que l’enseignement est un rempart contre certaines situations comme l’extrémisme résultant d’un certain fanatisme aboutissant tout simplement à la violence, soutenant l’idée que l’humanisation de l’enseignement est un impératif qui nécessite la participation tous, grands et petits, y compris les apprenants eux-mêmes, le rendant ainsi attractif.
Pour M. Mustapha Cheïkh El-Zouali, conseiller et expert en vie scolaire, le contenu du rapport de l’Unesco est à prendre en considération surtout que pour la Tunisie, la réforme de l’enseignement se veut une réforme à l’horizon 2050, surtout que ledit rapport résume une expérience s’étalant sur plus de 50 ans. Et si les précédents rapports sur l’enseignement en Tunisie, datant de 1972 et de 1995, étaient adressés aux gouvernements, ils ne peuvent avoir aucune incidence positive sur la vie scolaire et sont restés sans horizons. Parce qu’aujourd’hui, la solution réside dans la collaboration de tous pour élaborer la réforme souhaitée.
Alors que la place qu’occupent les arts et leur importance dans la vie scolaire a été mise en évidence dans ce rapport de l’Unesco (P. 75-76), s’agissant de construire l’imaginaire de l’apprenant et son développement par les arts et que réellement tout peut changer par les arts, a conclu M. Cheïkh El-Zaouli.
Après quoi, quelques participants ont pris la parole pour évoquer la situation présente et ses aléas, le rapport de l’autorité politique avec l’enseignement et la réforme, la plupart insistant sur le rôle des clubs d’animation qui existaient auparavant et qui ont disparu du paysage scolaire au grand dam des élèves en premier. Et si d’autres ont évoqué la question financière et budgétaire pour la réforme et le développement de l’enseignement, il s’agit aussi du rôle de l’apprenant lui-même et des parents à prendre en considération et le rôle qu’ils peuvent assumer dans cette action.
Les films en compétition
Sur un autre plan, les projections se sont poursuivies avec la présentation d’autres films, court et longs-métrages, entrant dans le cadre des compétitions officielles.
Ainsi, le public a pu suivre au Théâtre Municipal de Sousse, le court-métrage de l’Algérien Mehdi Sofiane, « Al-Saguia », relatant les événements sanglants lors de la guerre d’indépendance de l’Algérie, y compris ceux de Sakiet Sidi Youssef en Tunisie, puis le long-métrage de Ridha Tlili, «La couleur du phosphate » où il relate la vie d’un mineur et de sa famille et leur résistance face aux effets néfastes des mines de phosphate.
Il y a eu aussi la projection de « Ziwann » du Tunisien Mahmoud Abdelghaffar, et le long-métarge « Al-Sakia », de l’Algérien Noufel Kalache, suivis du court-métrage « La main de ma mère », de Kardina Hemn (Irak) et du long-métrage « Le lac bleu », de Daoud Aoulad-Syad, du Maroc.