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  • 30/10/2020 à 09:30

A l’écoute des fléaux

A l’écoute des fléaux

Par Mansour M’henni

« C’est écrit dans le ciel », diraient les fatalistes. Il fallait que la covid 19 envahisse le monde et nous pourrisse l’existence. Il fallait aussi que des musulmans se mettent à tuer des gens le plus atrocement du monde, sous prétexte de défendre l’image du Prophète. Même le jour du Mouled !

Cela fera bientôt un an que le coronavirus nous montre des siennes. A peine une brève accalmie estivale, comme s’il prenait de petites vacances, le voici au plus fort de son labeur, sapant des vies de tous âges (1.177.435 le 30 octobre 2020) et affectant la santé de plusieurs citoyens du monde (44.741.722 le 30 octobre 2020). Les responsables politiques ne savent plus où donner de la tête, au sens historique du terme, et les citoyens ne savent plus à quel saint se vouer.

Faut-il désespérer pour autant ? Nullement. La vie est une lutte ininterrompue contre la mort, pourtant inéluctable. Il faut donc s’appliquer à faire ce qu’il faut, s’acquitter de sa part de responsabilité quel qu’en soit le niveau et quelle qu’en soit la dimension. Le reste viendra de soi, avec le temps, plus ou moins long selon notre rendement à la tâche. Le propre des fléaux quand ils s’emparent des peuples, c’est de leur donner conscience de l’importance de leur cohésion et de leur solidarité, malgré toutes les différences qui, au lieu de les dresser les uns contre les autres, devraient les unir et leur apprendre à partager.

Sans doute avons-nous, chacun, une vision et des options de sortie différentes des situations difficiles qui nous concernent en commun, mais ce n’est pas à coup de dénigrements réciproques, jusqu’à l’insulte et la diffamation, qu’on devrait participer à la solution. Nos politiques devraient donc très tôt se réveiller avant de se découvrir en état de folie ou de disparition imminente.

C’est, me semble-t-il, la même logique qui vaut pour le deuxième fléau qui nous ravage de plus en plus, celui de la violence poussée jusqu’au plus sauvage de son terrorisme. Si, comme je l’ai écrit avant, il est indécent de porter atteinte au sacré d’autrui, cela ne justifie nullement le langage de la terreur et ses moyens. Il y a sûrement quelque chose de détraqué, de sérieusement abîmé dans notre monde en général, et dans certaines sociétés en particulier. Le pire dans tout cela, c’est qu’on ne cesse de proclamer l’accomplissement des révolutions, supposées être des actes de changement, mais le constat le plus évident, dans la réalité, c’est que rien n’a changé de ce contre quoi on croyait se révolter. Au contraire, les maux ne font que s’aggraver.

Quelque chose me dit que l’humanité navigue à rebours pour aller retrouver une animalité perdue ! Quel contrevent faut-il pour redresser la barre ? Nul ne le sait vraiment tellement les cartes sont brouillées et la politique, censée rationaliser les rapports pour un meilleur bien-être et un vivre-ensemble aussi heureux que possible, se dogmatise à l’école du fanatisme religieux et du mercantilisme machiavélique.

Qu’on ne vienne pas nous dire que les boucheries qui colorent le monde de rouge et de noir sont l’expression de l’esprit divin et de l’éthique des prophètes, tous les prophètes sans distinction entre eux (Ainsi dit le Coran). Car la parole de Dieu dans le Coran est on ne peut plus claire à ce propos : « Sinon en droit, n’attentez pas à la vie de votre prochain que Dieu a faite sacrée » (La Coran XVII, 33).

Voilà qui est dit… A bon entendeur salut ! Reste à savoir si nos maux ont épargné en nous la compétence d’écoute et ce qui, éthiquement, s’en suit.

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