Accusé de viol, Tariq Ramadan a été acquitté par la justice Suisse

L’islamologue de 60 ans comparaissait en Suisse pour des soupçons de viol commis le 28 octobre 2008 dans une chambre d’hôtel de Genève.

Impossible de savoir si le témoignage de Dieudonné M’Bala M'Bala prétendant avoir entendu Brigitte (*) se vanter de son aventure avec Tariq Ramadan a joué dans la balance. Il n'en reste pas moins que l’islamologue a été acquitté à l'issue de son procès pour « viol et contrainte sexuelle » par le tribunal de Genève. Les juges ayant estimé qu'il n'y avait pas de preuve contre l'accusé.
Une décision qui va à l'encontre des réquisitions du procureur Adrian Holloway, qui avait demandé trois ans de prison, dont 18 mois ferme. Celui-ci avait affirmé, il y a quelques jours, son intime conviction que Tariq Ramadan avait violé Brigitte « sans ménagement, en profitant de son aura. Il l’a frappée sans retenue. Il a fait durer le cauchemar plusieurs heures. Il a contesté le moindre rapport sexuel et il n’a jamais manifesté la moindre conscience de sa faute, culpabilisant sa victime », avait-il déploré lors de son réquisitoire.
Le déroulé exact de cette nuit du 28 octobre 2008 reste cependant flou, à l’image qu’en garde la plaignante, dont les coups présumés ont saturé la mémoire. Brigitte dit toutefois se souvenir en substance de la scène : « à chaque fois qu’il est à califourchon, il me frappe la tête, et pendant qu’il me frappe la tête, il me pénètre vaginalement ».
À l'énoncé du verdict, la partie plaignante a immédiatement annoncé faire appel.
Deux versions dissonantesBrigitte a fait la connaissance de Tariq Ramadan lors d’une séance de dédicaces, quelques mois avant la nuit des faits. Une seconde rencontre, en septembre, a, elle, marqué le début d’une correspondance de plus en plus intime sur les réseaux sociaux. Elle dit être totalement éprise de lui à ce moment-là, lui se sentir harcelé. Il l’invite tout de même à la rejoindre dans son hôtel de Genève, ce fameux soir du 28 octobre 2008.
C’est là que les deux versions discordent. Tariq Ramadan assure que c’est elle qui s’est invitée dans sa chambre. Il affirme s’être laissé embrasser avant de mettre rapidement fin à l’échange. Brigitte, elle, déplore avoir été violée et avoir reçu des « claques ». Pendant l’audience, elle a confié avoir eu « peur de mourir » sous les coups de l’islamologue cette nuit-là.
Se disant prise d’un sentiment de culpabilité et persuadée que « tout est de [sa] faute », Brigitte lui envoie pourtant des messages d’amour deux heures seulement après leur séparation. « Je rêve de t’embrasser, je rêve que tu aies confiance en moi. » Surtout, ne prenant pas conscience immédiatement qu’elle aurait été victime d’un viol, elle ne se rend ni chez le médecin, ni au commissariat. « Je me suis accrochée à l’idée d’un pétage de plombs, a-t-elle expliqué à l’audience. Je pensais que ça pouvait être pardonné. »
Tariq Ramadan bientôt jugé en FranceBrigitte a porté plainte dix ans après les faits et toute l’enquête s’est faite sur la base de ses déclarations, parole contre parole, sans compte rendu médical ou arrêt de travail attestant des violences subies, ce qui a longtemps semé le doute sur la crédibilité de son récit.
Pendant l’audience, la défense a d’ailleurs tenté de démontrer l’innocence de Tariq Ramadan en assurant qu’il n’y avait pas de preuves scientifiques. Un discours qui a visiblement été entendu par la cour de Genève. 
L’ancien professeur n'en a pour autant pas fini avec la justice puisqu’il est aussi soupçonné de viols commis entre 2009 et 2016 sur quatre femmes en France. Une affaire qui a déclenché sa chute en 2017 et qui devrait être prochainement jugée aux Assises.