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  • 13/01/2017 à 09:57

Au-delà d'un anniversaire !

Au-delà d'un anniversaire !

Pr. Khalifa Chater


14 janvier 2017,  la Tunisie inaugure l'an VII de sa "révolution". Cet anniversaire nous invite à esquisser un état des lieues, ou du moins une réflexion sur la praxis, qu'il a mis à l'ordre du jour. 

Règle de La Palice, les tentatives d’assignation ou de réduction d'un événement, telle la révolution tunisienne, à une maxime ou un concept sont vouées à l'échec. Elles ne peuvent cerner sa complexité, pour le définir. Ce qui nécessite une lecture pluraliste, de ses différents aspects, depuis sa genèse. Fut-elle un événement d'histoire immédiate, la "révolution" tunisienne requiert une prise de distance.  "La vérité ne se construit pas, elle se constate (...) Dire la vérité dans l’Histoire, c’est simplement rappeler les exigences de méthode", rappelait récemment l'historien Patrick Boucheron. L'analyste doit réconcilier, dans de telles circonstances, l’art du récit et l’exigence critique. Il ne peut se libérer de cette exigence.

La "révolution" tunisienne fut, bel et bien, une rupture historique. Elle met fin à un régime autoritaire et institue une gouvernance démocratique. Les deux élections de 2011 et 2014, auxquelles elle a donné lieu, ont établi une alternance politique. Peut-on dire que les journées glorieuses de la "révolution", puis des manifestations de l'été 2013, qui ont institué le dialogue, ont assuré "la normalisation" de la praxis politique ? Ce qui explique sa définition, comme exception, par rapport au jeu de dominos, du "printemps arabe", qui lui a succédé. Il a bouleversé le paysage politique de l'aire,  par la mise en cause de l'Etat-nation, les guerres civiles et les risques d'implosion? Fait important, la Tunisie a échappé aux jeux de rôles régionaux et au-delà. Sa dynamique s'inscrit, dans le respect de sa souveraineté. Corrigeant les dérives de l'ère post-bourguibienne et réaffirmant les valeurs de la démocratisation, elle a sauvegardé les acquis et conforté les exigences de l'ouverture et du progrès.  

Peut-on parler d'une révolution réformiste ? Les Tunisiens ont dépassé "l'ivresse de la révolution". Ils appréhendent leur réalité. Ils jugent leurs dirigeants et font valoir leurs revendications. Ils rappellent leurs attentes et expriment leurs exigences, relatives à l'amélioration de leur quotidien. Lucides, ils réalisent  que le pouvoir ne peut réaliser des miracles. Des critiques relèvent volontiers que les  classes populaires restent en marge du débat politique et que la société est fracturée par le chômage et les inégalités et que les groupes terroristes sont en embuscade. D'autres saluent la convergence entre les deux grands partis, qui constituaient des parallèles, qui  ne pouvaient se rejoindre. Des analystes accréditent la thèse d'un retour éventuel à la bipolarisation, suite au traitement différentiel de la question des "revenants" des foyers de combats et de la question de leur "repentir" problématique. Cette situation attesterait plutôt que la démocratie tunisienne est en marche et qu'elle affronte la gestion des affaires, dans le cadre des relations démocratiques du pouvoir avec ses électeurs.

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