• Actualité
  • Chronique
  • 28/11/2018 à 09:28

Aujourd’hui l’Union nationale !

Aujourd’hui l’Union nationale !

Par Mansour M’henni

Cela fait longtemps que l’expression « Union nationale » n’a peut-être jamais été autant prononcée dans le paysage politique tunisien que ces derniers jours. Le plus curieux, c’est qu’elle est devenue le leitmotive de la plupart des instances plus ou moins proches ou impliquées dans la prise des décisions pour la gestion des affaires publiques et des questions citoyennes.

 

Rappelons d’abord que la formule « Union nationale » avait prévalu à la naissance de l’Etat national après l’Indépendance et que Bourguiba en avait fait un principe de base de la conjugaison des efforts pour l’édification d’un avenir commun dans une dynamique de développement aux  effets partagés. Son mot d’ordre était « Mettons-nous tous au travail pour avancer ensemble ! » Avec le temps, la notion a été remise en question et jugée comme un prétexte pour faire obstacle à une transition effective de la société vers sa démocratisation. On a encore entendu et lu ce reproche revenir également, à certains moment de l’après janvier 2011, davantage peut-être pour le dénigrement de la politique de Bourguiba que pour la contestation de la valeur du principe.

Aujourd’hui, en pleine crise menaçant le pays d’un dérapage généralisé, la formule revient avec sans doute une nuance l’actualisant au diapason de l’évolution de la conscience démocratique des formations politiques, des citoyens et des structures de l’action civile. Le nouveau mot d’ordre qui revient souvent pour appuyer l’idée d’Union nationale est désormais « Mettons-nous à la même table et dialoguons ! » Les deux présidents de l’exécutif y ont explicitement appelé malgré le conflit que certains leur attribuent, chacun pour son intérêt propre. Les députés de l’Assemblée des Représentants du Peuple aussi malgré des divergences politiques apparemment inconciliables, au vu du ton critique dépassant parfois les limites éthiques du vivre-ensemble et la déontologie de l’interaction démocratique dont l’un des piliers principaux devrait être le respect réciproque. Les organisations professionnelles également se disent du même appel au dialogue généralisé sur la plateforme d’une union nationale pluraliste.

Il est né de cette tendance l’institution officielle, le 27 novembre 2018, du Conseil national du dialogue social, en application d’un des termes du contrat social conclu le 14 janvier 2013. Sauf qu’à peine né, les leaders des structures composant ce conseil n’ont pas tardé à réclamer des restrictions sur ses prérogatives, comme d’en exclure les négociations sociales ou d’autres questions d’ordre professionnel.

Il importe alors de mettre en place, très vite, les fondements éthiques et politiques de base de ce dialogue qui gagnerait à fonctionner autant que possible sur le mode conversationnel et non sur le mode du dialogue rhétorique. Autrement dit que, loin des tiraillements idéologiques et de la logique de classe, chaque partie n’y soit pas juste pour défendre ses intérêts propres, mais pour relativiser toutes les positions, et d’abord les siennes, en vue d’un consensus concerté pour le bien de tous et dans l’intérêt du pays dans son ensemble. Sinon, on resterait dans le strict amusement d’un jeu discursif pouvant vite virer au dialogue de sourds.

Partager sur
Retour
Les Dernières Vidéos
Les Dernières Actualités