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  • 03/02/2021 à 14:54

Boughalleb ne rate rien

Boughalleb ne rate rien
Par Mansour M’henni 




J’ai rarement l’occasion de personnaliser de près mes chroniques, mais aujourd’hui, je tiens à le faire pour rendre hommage à Mohammed Boughalleb, qui a fait le tour des principaux médias du pays et qui semble se plaire dans la matinale de Shems FM où ses chroniques méritent de figurer dans une anthologie des discours-clés afin d’édifier l’avenir de notre société.
Je sais que ce propos que je dis suscitera des attitudes réservées de la part de certaines gens, surtout parmi les amis ; mais il y a des choses qui sont à dire indépendamment de leur effet, juste parce qu’elles valent la peine qu’on les dise. Je ne m’attarderai pas sur mon amitié avec Mohamed qui date de plus d’un quart de siècle, ni sur certaines frictions parfois qui nous ont imposé de petites distances occasionnelles.
Cependant, je n’oublie pas aujourd’hui de souligner que, lors de mon passage à Canal 21, puis à la tête de la Radio Tunisienne, j’ai pu mettre à l’épreuve et apprécier favorablement les qualités professionnelles de l’homme et sa riche culture, et ses performances médiatiques (malgré mes réserves parfois sur la passion excessive qui les enflamme) me confortent dans mon choix d’avoir compté sur lui, par le passé, pour certaines tâches et d’être aujourd’hui un des fidèles de ses chroniques, comme d’ailleurs de nombreux Tunisiens.
A partir de 2011, Boughalleb s’est attelé à la tâche pour s’adapter aux nouvelles conditions et pour progresser au rythme de leur évolution et, Dieu merci, sa victoire sur la covid 19 est peut-être une juste récompense de ce dévouement toujours à l’œuvre.
Avec les défauts de la personne, certes, si vous y tenez, mais qui n’en a pas ? L’essentiel, c’est le fond éthique qui préside à une action utile et à un discours qui n’a pas honte de s’interroger et de tirer profit des idées des gens les plus minorisés de notre société.
Ainsi a-t-il fait aujourd’hui 03-02-2021 dans sa chronique où il s’est référé à mon concitoyen Brahim Tnagnag (alias Brahim Lajili), « un fou du village » de Sayada, ma ville natale, un homme que j’ai connu de près puisqu’il était l’un de mes plus proches voisins, et sur lequel j’ai beaucoup écrit dans mes poèmes, mes récits et mes chroniques de jawharafm.net aussi.
Brahim était un vrai philosophe, dans l’esprit du célèbre titre de Tahar Ben Jelloun, Moha le fou, Moha le sage.
S’étant condamné à un célibat éternel, apparemment du fait d’une déception amoureuse, il a mordu à la vie, de ses dents les plus acérées, pour y sucer le lait de la sagesse. 
Ce qui le distingue en particulier, c’est son rire mêlant une pureté intérieure et une ironie mordante, avec des aphorismes qui, aussitôt dits, sont gravés dans les mémoires comme sur des pierres précieuses. La phrase la plus en vue reste sans doute celle-ci, que j’ai reprise plusieurs fois : « Le peuple déjà mort a toujours peur de mourir » ( الشعب ميت وخايف ملموت).
C’est cette maxime qui m’a semblé constituer le pilier de la chronique de Boughalleb qui m’inspire aujourd’hui ; mais ce qui m’attire le plus, c’est le brio avec lequel le chroniqueur l’a rattachée aux bonnes œuvres d’un honorable concitoyen vivant en Suisse, en illustre médecin avec un cœur battant au rythme des douleurs de son pays et de ses besoins et insensible à l’ingratitude, au moins à l’indifférence des siens à ce qu’il fait pour eux.
D’aucuns se livreront, si ce n’est déjà fait, à leurs interprétations tendancieuses et de différentes natures pour chercher à diaboliser Boughalleb, politiquement et déontologiquement.
Ne nous étonnons pas qu’ils aillent jusqu’à l’accuser d’appeler à la révolte ou au complot. Son propos sur le peuple est effectivement un message d’éveilleur de la conscience populaire ; mais n’est-ce pas l’essentiel de notre mal ? N’avons-nous pas besoin, aujourd’hui, de nous demander si nous sommes vraiment « un peuple » et si nous agissons en tant que tel ? C’est au bout de cette question, intelligemment présentée par Boughalleb, qu’une petite clairière s’ouvrira et nous permettra d’apercevoir une brin de lumière se projeter sur notre avenir.
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