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- 09/11/2023 à 10:27
Bourguiba et la modernité de la Tunisie Nouvelle
Par Mansour M’henni
Le coup d’envoi a été donné au colloque international "Habib Bourguiba, mémoire d'avenir", par le Gouverneur de Sousse lors d’une cérémonie d’ouverture introduite par l’allocution du Président de l’Université de Sousse, Pr. Lotfi BelKacem et celle du comité d’organisation prononcée par Pr. Foued Laroussi de l’Université de Rouen et M. Ammar Azouzi de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Sousse.
Le colloque s'étend sur deux jours, les 8 et 9 novembre, alliant les communications académiques aux tables rondes conversationnelles. Les initiateurs de ce colloque veulent en faire un rendez-vous annuel pour l'interrogation et l'analyse de la pensée bourguibienne afin d’examiner la façon dont on pourrait tirer profit des études de ce patrimoine dans la prospection de l'avenir.
Tirer profit, cela s'entend, c'est savoir apprécier les mérites et souligner les défauts et les insuffisances. Tel est l'état d'esprit qui préside dans une approche scientifique de l'Histoire : "Regarder le passé pour éclairer l'avenir". Telle est aussi, nous dit-on, la démarche des organisateurs, en l’occurrence les trois noms ci-dessus cités et avec eux Sami Hochlaf, Ferid Memmich, Mansour M’henni et Jamil Chaker.
Après la conférence inaugurale de M. Taïeb Baccouche, les communications de la première journée se sont succédé en deux séances scientifiques, une le matin et l’autre l’après-midi, et ont provoqué des réactions diverses remettant en évidence la richesse de la problématique étudiée. Mon propos ici n'étant pas un reportage, j'ai choisi de me concentrer sur la table ronde qui a clos les travaux de la dernière journée et qui a été modérée par Ferid Memmich autour de la question : « Bourguiba et l'Etat moderne ».
Au vu de la teneur des débats, on ne peut que conclure à ce qui était constaté déjà lors des séances scientifiques et qui prend plus d'ampleur et de vivacité à la table ronde, en l'occurrence l'importance de la pensée bourguibienne dans la réflexion et la conversation autour de l'avenir de la société tunisienne et de son État.
Cette opportunité intellectuelle a été confortée par les échanges entre des présents de tous bords et de tous âges dont on citerait, à titre indicatif, Tahar Belkhoja, Abdelaziz Kacem, Taïeb Baccouche, Kmar Ben Dana, Abdelhamid Larguech, Foued Laroussi, Ferid Memmich, Habib Kazdaghli et bien d’autres parmi lesquels il y avait des intellectuels d’autres pays comme l’Algérie, la France et le Canada.
On imagine alors les divergences d’opinions qui toutes soulignent la gravité (au sens positif) et la pertinence de la question de l’Etat moderne en rapport à Bourguiba. Pour ce qui me concerne, l’intérêt réside dans la pensée bourguibienne (et non nécessairement bourguibiste) en tant que synthèse intelligemment et rationnellement réalisée de la pensée réformiste tunisienne à la croisée de la pensée des Lumières.
Il réside après dans l’opportunité de sortir cette pensée de son cadre intellectuel pur pour la concrétiser en un modèle sociétal spécifique, la société tunisienne de la « Tunisie Nouvelle ». En effet, la citation de Bourguiba, rappelée par Foued Laroussi, vaut pour moi de réponse à analyser profondément du point de vue du rapport de Bourguiba à la modernité. Le « Fondateur de la Tunisie moderne », dit-on souvent ! Lui a dit : « J’ai fondé une Nouvelle Tunisie ».
Ce n’est pas la même chose ! En effet, la fondation d’une Tunisie nouvelle peut être daté et prendre la valeur d’un repère historique sur l’axe du temps. Mais la modernité est une mobilité car chaque temps invente ou construit sa modernité. En grand homme de culture et de savoir, Bourguiba le savait assez pour mettre les mots qu’il fallait là où il fallait. Ainsi la Tunisie Nouvelle de Bourguiba est encore la Tunisie d’aujourd’hui.
A sa création elle avait donné vie à une modernité de l’époque et depuis, elle ne cesse de repenser sa modernité, toujours mobile, évolutive en fonction du contexte de chaque étape. C’est ce qu’on appelait « l’étapisme bourguibien » qui fonctionnerait toujours comme un canevas méthodologique attendant que chaque génération y inscrive son contenu.
La Tunisie Nouvelle est bien née, concrètement née et édifiée avec Bourguiba et ses compagnons ; la Tunisie moderne, c’est à chaque génération de la faire et de la refaire à la mesure de son instant présent.
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Tirer profit, cela s'entend, c'est savoir apprécier les mérites et souligner les défauts et les insuffisances. Tel est l'état d'esprit qui préside dans une approche scientifique de l'Histoire : "Regarder le passé pour éclairer l'avenir". Telle est aussi, nous dit-on, la démarche des organisateurs, en l’occurrence les trois noms ci-dessus cités et avec eux Sami Hochlaf, Ferid Memmich, Mansour M’henni et Jamil Chaker.
Après la conférence inaugurale de M. Taïeb Baccouche, les communications de la première journée se sont succédé en deux séances scientifiques, une le matin et l’autre l’après-midi, et ont provoqué des réactions diverses remettant en évidence la richesse de la problématique étudiée. Mon propos ici n'étant pas un reportage, j'ai choisi de me concentrer sur la table ronde qui a clos les travaux de la dernière journée et qui a été modérée par Ferid Memmich autour de la question : « Bourguiba et l'Etat moderne ».
Au vu de la teneur des débats, on ne peut que conclure à ce qui était constaté déjà lors des séances scientifiques et qui prend plus d'ampleur et de vivacité à la table ronde, en l'occurrence l'importance de la pensée bourguibienne dans la réflexion et la conversation autour de l'avenir de la société tunisienne et de son État.
Cette opportunité intellectuelle a été confortée par les échanges entre des présents de tous bords et de tous âges dont on citerait, à titre indicatif, Tahar Belkhoja, Abdelaziz Kacem, Taïeb Baccouche, Kmar Ben Dana, Abdelhamid Larguech, Foued Laroussi, Ferid Memmich, Habib Kazdaghli et bien d’autres parmi lesquels il y avait des intellectuels d’autres pays comme l’Algérie, la France et le Canada.
On imagine alors les divergences d’opinions qui toutes soulignent la gravité (au sens positif) et la pertinence de la question de l’Etat moderne en rapport à Bourguiba. Pour ce qui me concerne, l’intérêt réside dans la pensée bourguibienne (et non nécessairement bourguibiste) en tant que synthèse intelligemment et rationnellement réalisée de la pensée réformiste tunisienne à la croisée de la pensée des Lumières.
Il réside après dans l’opportunité de sortir cette pensée de son cadre intellectuel pur pour la concrétiser en un modèle sociétal spécifique, la société tunisienne de la « Tunisie Nouvelle ». En effet, la citation de Bourguiba, rappelée par Foued Laroussi, vaut pour moi de réponse à analyser profondément du point de vue du rapport de Bourguiba à la modernité. Le « Fondateur de la Tunisie moderne », dit-on souvent ! Lui a dit : « J’ai fondé une Nouvelle Tunisie ».
Ce n’est pas la même chose ! En effet, la fondation d’une Tunisie nouvelle peut être daté et prendre la valeur d’un repère historique sur l’axe du temps. Mais la modernité est une mobilité car chaque temps invente ou construit sa modernité. En grand homme de culture et de savoir, Bourguiba le savait assez pour mettre les mots qu’il fallait là où il fallait. Ainsi la Tunisie Nouvelle de Bourguiba est encore la Tunisie d’aujourd’hui.
A sa création elle avait donné vie à une modernité de l’époque et depuis, elle ne cesse de repenser sa modernité, toujours mobile, évolutive en fonction du contexte de chaque étape. C’est ce qu’on appelait « l’étapisme bourguibien » qui fonctionnerait toujours comme un canevas méthodologique attendant que chaque génération y inscrive son contenu.
La Tunisie Nouvelle est bien née, concrètement née et édifiée avec Bourguiba et ses compagnons ; la Tunisie moderne, c’est à chaque génération de la faire et de la refaire à la mesure de son instant présent.
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