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  • 15/12/2025 à 11:05

Ce fameux match de la Palestine avec la Syrie !

Ce fameux match de la Palestine avec la Syrie !
Par Mansour M’henni
Les compétitions footballistiques de la Coupe arabe des nations ont réactualisé certaines attitudes dont il importe toujours de raisonner les effets et les causes. Ce fut à la suite du fameux match entre la Palestine et la Syrie, dans la même poule que la Tunisie dont l’éventuelle qualification dépendait du résultat des deux autres équipes, de nos « frères » dans la logique de l’arabité et de l’islamité.

Ces deux dernières avaient besoin d’un match nul pour se qualifier ensemble. Tout le monde ou presque prévoyait cet accord tacite qui ne manqua pas de se confirmer, éliminant ainsi la Tunisie, victorieuse du Qatar sur le score de 3 à zéro.
C’est alors le déchaînement chez nous contre la Palestine accusée d’avoir trahi le pays qui l’avait toujours soutenue dans son combat pour l’indépendance. On lui reprochait aussi, à l’occasion, son régime politique, ses alliances internationales, etc.

On rappelait également le fameux « match de la honte » en 1982, quand Allemands et Autrichiens ont combiné leur match de façon à éliminer l’Algérie. L’argument ségrégationniste était évoqué alors sur un fond « naZi- onaliste », dirait-on ! Mais pour le cas de la Tunisie, dans la coupe arabe des nations, de quel nationalisme parlerait-on ? Et comment resituer la cause palestinienne dans ce jeu ? Franchement, j’ai de la peine à opter pour un jugement sans recours et mon indécision me projette de nouveau dans l’esprit d’une rencontre scientifique organisée, à Paris, du 21 au 23 mai 2025 par la Cireb et la RF, autour du sujet : « Le Sport, corps physique et corps social.

Résilience et vulnérabilité », un sujet lui-même inspiré des jeux olympiques 2024 à Paris. Dans cette situation, des trois équipes impliquées, qui serait résilient et qui serait vulnérable ? Et de quel point de vue poserait-on la question : être ou ne pas être, résilient ou vulnérable ? En sport uniquement ? En politique ? Ailleurs ? Rappelons que la résilience se dit « Soumoud » en arabe, un mot étroitement lié à la lutte palestinienne, particulièrement ces derniers temps.

Et du point de vue politique, la Palestine serait la partie la plus vulnérable de l’ensemble des pays en compétition dans la coupe arabe des nations. Faut-il lui en vouloir de chercher à ne pas se faire éliminer de la compétition ? Et la «combine» syro-palestinienne relève-t-elle de la stratégie compétitive ou de l’infraction à l’esprit sportif ? Tout pousserait-il à conclure à la complexité des choses et à essayer de comprendre certaines situations exceptionnelles ? Mais alors, dans ce cas, à quoi serviraient les règles sociétales, aussi bien au sein d’une seule société que dans le cadre des relations internationales ?

On se souvient qu’après le match de la honte en 1982, une décision a été prise de jouer les derniers matchs en même temps pour éviter les « calculs de basse échelle ». Mais voici que cette même décision n’a pas empêché un autre compromis d’être conclu entre deux équipes, quelles que soient les humeurs ou les calculs qui président à leurs rapports politiques. Je le redis, pour conclure, j’ai devant moi plus de questions que de réponses.

Cette situation invite peut-être à repenser encore la pratique sportive et son esprit compétitif, mais aussi et surtout, à revoir les implications réciproques entre le sport et la politique, pour sauvegarder essentiellement certaines valeurs humanistes que nous voudrions inaltérables. Parlons-en et conversons, non pour avoir forcément raison, mais pour donner raison à la raison.
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