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  • 23/10/2017 à 12:30

Chronique : Catalogne, l’escalade

Chronique : Catalogne, l’escalade
Par Pr. Khalifa Chater

Bras de fer entre Madrid et Barcelone, suite au référendum du 1er octobre 2017, organisé par les indépendantistes, bien qu’interdit par le pouvoir central.
Madrid  a annoncé  des mesures draconiennes pour empêcher la Catalogne de faire sécession, en application de l’article 155. Elle  préparerait  la destitution du gouvernement de Carles Puigdemont. S’agissait-il d’une mise en tutelle ?
Réaction  immédiate, contre les sanctions annoncées par le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, les Catalans ont organisé, samedi 21 octobre,  après-midi à Barcelone, une manifestation indépendantiste réunissant 450.000 personnes, selon la police locale. Carles Puigdemont, le président catalan, qui a pris la tête du cortège, a réagi dans la soirée par une déclaration télévisée en catalan, espagnol et anglais, dans laquelle il a accusé le gouvernement espagnol de lancer "la pire attaque aux institutions et au peuple de Catalogne depuis les décrets du dictateur militaire Francisco Franco".  
Prenons la juste mesure de la gravité de l’escalade.

Rappelons que le président séparatiste catalan Carles Puigdemont a signé mardi 10 octobre, le soir, une déclaration d'indépendance avec les députés de sa majorité :"Nous constituons la République catalane comme Etat indépendant et souverain, de droit, démocratique et social", lit-on dans ce texte signé par les trois partis indépendantistes. "Mais le président l’a immédiatement  suspendu,  en appelant au dialogue", a précisé le porte-parole du gouvernement catalan.
Dans le nouveau contexte, la proclamation attendue de l’indépendance, serait une réaction aux sanctions de Madrid. D’ailleurs la question de la sécession de la Catalogne serait grave, vu ses effets sur l’Espagne, mais bien au-delà,  vu la solidarité des Catalans français et les risques d’entrainement de ce précédent.
Dimanche, 22 octobre, un référendum a été  organisé en Lombardie et en Vénétie : On demande aux habitants de ces deux régions d'Italie, d’ailleurs. dirigées par la Ligue du Nord. s’ils veulent bénéficier de plus d'autonomie par rapport à Rome, à l'Etat central. Point commun de ces régions d'Europe: elles sont riches : La Lombardie et la Vénétie représentent 30% du PIB italien. Autre critère significatif de bonne santé: leur taux d'endettement par habitant est beaucoup plus faible que la moyenne italienne. 73 euros pour la Lombardie alors que la moyenne nationale est de 407 euros. L’économie de l’Ecosse et de la Flandre se portent bien.

La Catalogne, représente 15% de la population espagnole mais près de 20% de son produit intérieur brut. Ce qui explique son appel à l’indépendance. Mais l’annonce du départ des Banques et des grandes sociétés d’assurance de Barcelone à Madrid, confortée par l’inévitable sortie de l’euro, remet en cause ces acquis. Ce qui explique les hésitations des autorités catalanes. Fait grave, l’Union Européenne rejette ces appels à l’indépendance : Le président du Parlement européen l’Italien Antonio Tajani  a été très clair : l’Union européenne ne reconnaîtra « jamais » la Catalogne en tant qu’État indépendant. Il estime que l’Europe doit « craindre » la multiplication des petites patries. « C’est pourquoi personne en Europe n’a l’intention de reconnaître la Catalogne en tant qu’État indépendant », souligne-t-il. « Même Theresa May (le Premier ministre britannique), en plein Brexit, a dit que le Royaume-Uni ne reconnaîtrait jamais la Catalogne », poursuit-il (entretien, in le quotidien romain Il Messaggero, 22 octobre).

Situation bien complexe, les mouvements sécessionnistes constituent, aussi bien en Europe qu’au Moyen-Orient, des sauts dans l’inconnu, des jeux d’incertitude. Est-ce que l’Europe a un rôle à jouer, ou au moins proposer sa médiation ?

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