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  • 29/10/2014 à 17:14

Chronique : La conjoncture postélectorale

Chronique : La conjoncture postélectorale
Par Khalifa Chater,

Les élections législatives ont construit un nouveau paysage politique. La victoire des deux partis : Nida Tounis et an-Nahda a instauré un bipartisme de fait. 
Outre le rééquilibrage des forces, qu'elles ont assuré, les élections parlementaires ont mis à l'ordre du jour l'alternance politique pacifique. Les urnes déterminent désormais le processus démocratique, érigeant en principe sacro-saint, la reconnaissance de l'autre. Prenons la juste mesure de la maturité politique, produit de l'habilitation citoyenne par la révolution. 
Est-ce que les partis, qui ont obtenu de faibles scores, suite à la tactique du "vote utile", adoptée par les électeurs, sont disposés à graviter, autour de ses deux pôles dominants et à choisir, selon leurs visions, l'allié préféré ? Nous n'en sommes pas encore là. La conjoncture de colère et de désillusion ne permet pas d'anticiper les nouveaux itinéraires et les possibles alliances. Il faut donner du temps au temps. D'ores et déjà, on évoque une éventuelle alliance, entre quatre partis de la famille démocratique : al-Massar, Attahalif, Al-Jouhouri et Attakattoul. Les trois derniers partis cités, ayant présenté leurs leaders comme candidats à la présidence, s'engagent en ordre dispersé, dans le deuxième scrutin. Ce qui brouille les cartes et complique le jeu politique.
D'autre part, fussent-elles assez proches, leurs visions politiques les différencient. Certains optent pour le libéralisme économique, l'instar d'ailleurs, de Nida Tounis et même d'an-Nahdha.  D'autres, tels Al-Massar et certains courants actifs au sein des autres partis  sont favorables à une démocratie sociale, à identifier, sinon à inventer. Les partis al-Massar, Attahalif, Al-Jouhouri et Attakattoul,  référent-ils le rassemblement politique à la clarification idéologique ? Réussiront-ils à créer une troisième voie ? Ces partis peuvent, cependant, être tentés de répondre à l'appel de Nida Tounis, contraint d'élargir son alliance, pour construire une majorité gouvernementale. 
Nouveau venu sur la scène politique, l'Union Patriotique Libre, doit faire son choix, entre les opportunités de la conjoncture. Son positionnement déterminera son jeu politique. Le CPR et les partis issus de sa mouvance, marquent leur rupture. Ils sont d'ailleurs l'objet d'une prise de distance. Ils vivent leur épreuve de vérité. Afaq Tounis, se rangerait facilement, dans l'alliance de Nida Tounis, vu les valeurs partagées de deux formations. Son leader a, d'ailleurs, était membre du gouvernement de transition, présidé par Béji Caïd Essebsi. Les partis destouriens, qui ont perçu l'élan de leurs adhérents vers Nida Tounis, ne devraient pas poser problème. Réalisant une victoire relative, le Front populaire a les mêmes alliés et les mêmes adversaires que Nida Tounis. Nida Tounis, doit cependant tenir compte de ses exigences sociales. En dépit de son pragmatisme, il partage les préoccupations populaires du Front. La volonté de synthèse, option de la conjoncture, pouvait compenser et transgresser le dialogue de confrontation ?  Mais les exigences citoyennes, au sein de chaque parti, ne peuvent tolérer, les alliances débordantes, contre-nature. Il faut sauvegarder l'architecture républicaine et le projet de société moderniste. 
Les candidats à l'élection  présidentielle doivent, bien entendu, tenir compte du nouveau paysage politique et tirer les leçons. Une réduction des candidatures est opportune. D'autre part, la mise à l'épreuve peut établir une nouvelle carte des alliances. A l'écoute, le citoyen attend l'établissement de la sécurité, la relance économique et le développement global. Il vit une situation d'urgence. Quelles réponses à ses attentes ? 
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