Chronique : Le Maghreb, comme priorité !

Pr. Khalifa Chater

 

Vœux de sa population, de ses élites et de ses dirigeants, le projet d'union maghrébine tarde à se concrétiser. Dans l'ère de la mondialisation/régionalisation,  la construction maghrébine n'est guère une utopie, un rêve des pères fondateurs. Elle constitue, un impératif, une nécessité. Il faut donner du temps au temps. La solidarité entre les différents pays, exprimée lors des épreuves, atteste qu'on ne peut parler d'un non-Maghreb, sinon d'une unité virtuelle. Les Etats du Maghreb ont certes des relations nuancées avec les configurations  d'appartenance arabe, africaine, musulmane et les pays du voisinage. Mais cela ne concerne pas l'essentiel, mais plutôt des manières de gestion des affaires, en relation avec les régimes politiques. Soutien indéfectible, solidarité populaire affirmée, en dépit des positionnements parfois différentiels, les concertations entre les Etats privilégient les compromis; mais non les compromissions, Des problèmes de voisinage peuvent exister. L'actualité maghrébine n'est pas en mesure de les exclure. Mais la solidarité dominante les transgresse ou les relativise. Partout où il se trouve, le maghrébin se sent chez lui. Il bénéficie d'un accueil fraternel.

Le "printemps arabe" ne peut occulter la solidarité maghrébine. Les forces déferlantes de l'extérieur mettent à l'épreuve  les Etats-nations. Ils mettent à l'ordre des jours des opérations graves de déstabilisation. Ils esquissent des projets d'interventions, appréhendant tous les pays maghrébins comme enjeux géostratégiques. Les richesses pétrolières de la Libye et de l'Algérie, peuvent susciter les convoitises. La stabilité de nos pays dérange  le scénario du "chaos  arabe". La relance économique peut susciter des inquiétudes. Soyons solidaires, pour mettre en échec toute stratégie déstabilisatrice.

Fidèle à l'idéal onusien, les Etats maghrébins rejettent toute intervention externe. La souveraineté des peuples constitue la ligne rouge. L'actualité maghrébine atteste le respect quasiment religieux de cette règle. Unanimes, les pays maghrébins ont refusé toutes interventions étrangères en Libye. Ils font valoir le nécessaire dialogue pour rapprocher les points de vue et reconstruire l'unité nationale. L'Algérie et la Tunisie se prêtent mains fortes, pour lutter contre toutes velléités terroristes. La construction du mur à la frontière tuniso-libyenne permet de réussir la pacification de la région. Il a comme objectif de développer les échanges, à travers les circuits autorisés, au profit des partenaires.

Les échanges entre les gouvernements maghrébins telles les visites marocaines et algériennes en Tunisie, ces jours-ci, le prêt de l'Algérie pour la Tunisie de cent millions de dollars remboursable sur une durée de quinze ans (taux d’intérêt de 1% avec un délai de grâce de cinq ans), le rejet tunisien de toute velléité d'immixtion contre le régime algérien et les concertations publiques et underground attestent que le Maghreb constitue pour toutes ses composantes une priorité. Nos partenaires prennent d'ailleurs acte de cette solidarité agissante, qui nous permet d'assurer une rapide arrivée au rivage du salut.

 

 

 

NDLR : Cet article d'opinion libre est publié sous la responsabilité de son auteur et n'engage pas la rédaction de Jawhara FM.