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  • 15/07/2018 à 08:10

Chronique : Quelques remarques sur la coupe du monde 2018

Chronique : Quelques remarques sur la coupe du monde 2018
Par Mansour M’henni 

Avant de replonger dans notre crise politique nationale qui semble annoncer un été à chaleur redoublée, et redoutable, il est peut-être bon pour le moral de s’arrêter, même de façon condensée, à l’événement footballistique le plus en vue, la Coupe du monde dont le tour final de 2018 vient de s’achever en Russie par la consécration de la France comme Champion du Monde 2018.
Indépendamment des attitudes à fleur de peau de certaines gens, allant d’un excès à l’autre, il faudrait reconnaître que les Bleus ont bien mérité leur victoire finale et qu’ils sont à féliciter de leur parcours honnête, dans le lot des performances auxquelles nous avons eu droit.Mais, concentrons-nous plutôt sur des remarques d’ordre général :

   ¤ L’émulation qualitative (se traduisant toujours par une représentativité quantitative, en nombre de pays) a toujours tourné autour de la dichotomie : foot européen VS foot latino-américain, si bien que la répartition des groupes semblait s’articuler autour de cette donnée de base. Le premier passait pour être foncièrement tactique et le second se réclamait de l’improvisation libérée à partir du plus possible de perfection technique. Force est de reconnaître aujourd’hui, avec un Carré d’Or exclusivement européen que c’est le premier type de football qui tend à l’emporter, à moins d’une révision de perspective chez les latino-américains. 

   ¤ De ce point de vue, la FIFA a œuvré pour un élargissement du champ de la représentativité continentale, surtout pour l’Afrique et l’Asie, et la performance de la Tunisie en 1978 y a été pour quelque chose. Toutefois, cette démarche n’a pas réussi encore à propulser des équipes de ces deux continents sur le podium, alors que les pays européens consacrés par le titre ou s’en étant assez rapprochés, ces dernières années, comptent  sur plusieurs joueurs africains et même des asiatiques pour promouvoir le sport roi dans leurs contrées. Sans doute conviendrait-il de réfléchir à la mise à niveau des politiques sportives dans les pays d’Afrique et d’Asie, surtout en matière de foot, avec l’appui de la FIFA, pourquoi pas ?

   ¤ En réponse à une question que j’avais posée au démarrage du Mondial, à propos des stars du foot, le tournoi de 2018 a bien confirmé l’idée et le dicton qu’une hirondelle ne fait pas le printemps. En effet, ni Messi ni Neymar ni encore Cristiano Ronaldo n’ont réussi à faire vraiment la différence (à part quelques petits éclats pour les deux derniers), comme en faisaient les Grands : Pelé, Maradona, Johan Cruijff, Franz Beckenbauer, etc.  

   ¤ Au contraire, la coupe du monde de foot est une occasion propice à la mise en valeur et à la médiatisation d’un grand joueur en herbe. Ce fut le cas de Pelé en 1958, à 17 ans ; ce peut être le cas aujourd’hui du Français Mbappé (à trois racines) qui, à 19 ans, est déjà comparé au meilleur joueur de tous les temps (selon les classements les plus objectifs) : « Il devient aussi le plus jeune joueur à gagner la coupe du monde et à marquer en finale depuis Pelé ». A lui de mériter une telle succession ! 

   ¤ Maintenant, pour la qualité générale, force est reconnaître que le tournoi de Russie n’a pas présenté une excellente facture de jeu footballistique. La raison du plus fort a été celle des tacticiens ayant réussi le calcul opportuniste contre une naïveté caractérisée chez des équipes présentant un jeu assez plaisant mais peu efficace, par inexpérience, par trop de précipitation, par manque de cohérence et de coordination, etc. Ce fut le cas des Belges et surtout des Croates, deux équipes sympathiques, généreuses à l’effort, soucieuses de bien faire, mais manquant de cette malice essentielle du « savoir gagner ». Elles ont donc un patrimoine à cultiver avec les résultats, somme toute honorables, de cette année ; elles doivent construire dessus. Quant à l’Angleterre, elle nous paraît avoir accédé au carré final par chance et son football national semble prisonnier d’un schéma tactique inamovible avec le temps et l’évolution, raison pour laquelle d’ailleurs, eux les « inventeurs du foot », n’ont jamais vraiment été des foudres de guerre dans le sport roi, à part en 1966 dans les conditions qu’on sait.

   ¤ Une dernier point à ne pas occulter : l’excellente organisation de ce tournoi par la Russie, à tous points de vue, de quoi ouvrir la voix à de nombreuses autres analyses, variées jusqu’à la contradiction, mais ne prenant pas forcément le football pour objet. 
  

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