• Actualité
  • Chronique
  • 20/04/2015 à 11:12

Chronique : USA/Iran, une conjoncture de surenchère ?

Chronique : USA/Iran, une conjoncture de surenchère ?

Pr. Khalifa Chater

Le rapprochement USA/Iran est-il déjà remis en cause ? La déclaration du chef d'état-major interarmées américain, Martin Dempsey, le 17 avril, selon laquelle "l'option militaire" contre l'Iran restait intacte, annonce un retour à l'escalade. 
En réponse, le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a demandé à son armée, le 19 avril, de renforcer ses préparatifs, en cas de conflit. Au-delà de la conjoncture de surenchère, pour calmer les ailes radicales, aussi bien aux Etats-Unis qu'en Iran, l'accord - cadre "historique" du G5+1(Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine et Allemagne) s'inscrit dans un repositionnement géopolitique des protagonistes. Observateur averti, Thierry de Montbrial, directeur du think tang de l'Ifri avait fait valoir la nouvelle donne : "Aucun ordre nouveau n'est possible, si on ne peut pas dans cette région (du Moyen-Orient) se réconcilier avec l'Iran et si l'on ne peut pas travailler avec la Russie (Le Monde, 5 – 6 décembre 2014). Abderrahmane ar-Rachid, analyste proche de l'Arabie Saoudite, affirme : "Nous sommes en présence de mutations dramatiques. La cage qui enfermait internationalement l'Iran, est sur le point de s'ouvrir. Mais nous ne saurons savoir où se dirige l'Iran libéré" ("L'accord nucléaire suscitera des changements, Charq awsat, 3 avril 2015). En effet, au-delà du nucléaire, l'accord érige l'Iran, en acteur régional de plein droit. Les USA comptent sur leur ancien adversaire, pour contribuer à assurer la stabilité, vu les convulsions du Moyen-Orient et l'existence d'un adversaire commun, à savoir Daeche ? De son côté, l'Iran subit les effets des sanctions et de la chute du prix de pétrole. Il est, d'autre part, à la recherche d'une ouverture.
Bien entendu, les sorties de conflit négociés sont presque toujours imparfaits. L'accord d'étape de Lausanne doit être précisé, complété et confirmé avant le 30 juin (Isabelle Lasserre, "les avancées et les embûches d'un accord d'étape, qui doit être concrétisé", Le Monde, 4-5décembre 2015). D'ailleurs, cet accord décrit "l'état final recherché, mais pas le chemin final pour y aboutir"(analyse de Camille Grand, directeur de la fondation, pour la recherche stratégique, ibid.). Répondant à une nécessité géopolitique , il résisterait à l'épreuve des négociations, dans un contexte de surenchère.
La signature, le 13 avril, avant même la finalisation de l'accord, par Vladimir Poutine d'un décret levant l’interdiction de livrer à l’Iran des missiles S300, un système sophistiqué de batteries antiaériennes constitue "un message plus politique que militaire". La Russie confirme son jeu sur la scène iranienne, qui suscite désormais l'intérêt des Américains. Moscou annonce ainsi qu'elle reste, bel et bien, au cœur du jeu moyen-oriental.
Partager sur
Retour
Les Dernières Vidéos
Les Dernières Actualités