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  • 31/01/2019 à 09:49

Complot contre l’école ?

Complot contre l’école ?

Par Mansour M’henni

Où que l’on soit et de quelque bord, politique ou prétendument apolitique, qu’on se reconnaisse, on ne peut plus rester indifférent à ce qui, aujourd’hui, menace notre école. Gravement, dois-je souligner, dangereusement et même criminellement !

Disons-le d’emblée, la responsabilité est collective et la conscience citoyenne est mise à rude épreuve, à quelque niveau qu’on la considère, même à celui de la rédaction de ces quelques lignes. La crise de notre école, peut-être même celle de l’école tout court, au sens large donc en tant que concept et/ou en tant qu’institution, date de plusieurs années et, malheureusement, quoi qu’on dise pour le nier, elle perdure parce qu’elle est toujours traînée dans l’emportement suspect et mal raisonné des conflits politiques.

Force est d’affirmer, à ce propos, que certains indices de la manipulation politique de cette crise sont de plus en plus perceptibles et le ministre de l’Education n’a sans doute pas tort de les mettre en évidence. Telle est en effet la décision d’organiser une journée de colère à la date même de la commémoration de l’assassinat de feu Chokri Belaïd. Telle est également la tentative, de tendance anarchique et raisonnablement inexplicable, de chercher à ériger le drapeau de l’UGTT à la façade du ministère de l’Education ! On le comprend à ces gestes symboliques, le jeu est politique et son enjeu est le pouvoir, au détriment de l’Etat.

Certes, personne n’est insensible aux droits légitimes et justifiés des enseignements, tous niveaux d’exercice confondus ; mais les parties en conflits et celles habilitées pour l’arbitrage (institutions et organisations) doivent trouver ensemble, dans la conversation réaliste et sereine et loin de la logique sans issue constructive du bras-de-fer, des solutions durables obéissant à un mécanisme évolutif et mis en contexte, plutôt qu’en contestation.

Cela dit, il n’y a nulle intention d’interdire à quiconque, s’il en est, le droit de lutter contre le gouvernement ou contre certains de ses responsables ; ce droit est légitime et constitutionnel, surtout quand le gouvernement aligne les hauts et les bas. Il faudrait alors déclarer comme tel le mouvement entrepris et l’assumer de ce point de vue, autrement, on entrerait dans le domaine de la mutinerie contre les textes de loi structurant la vie civile et le fonctionnement de l’Etat.

Le pire dans cette confusion des registres, c’est l’implication forcée des parents et des élèves dans un conflit qui n’est peut-être pas fondamentalement le leur et qui en ferait les otages de ce conflit alors qu’ils devraient être l’objectif premier et le client privilégié de l’école. Disons-le donc franchement, il y a aujourd’hui un dérapage éthique à l’égard de l’école qui, rappelons-le, est la matrice de la citoyenneté et de l’édification sociétale.

Telle école, telle société. Voilà la maxime qui tiendrait lieu de vérité indiscutable. D’ailleurs, ne parle-t-on pas de la société comme une grande école, l’école de la vie ? A nous tous de nous demander quelle société nous voulons être, donc quelle école nous devons avoir, et de faire ce qu’il faut, à tous les niveaux, pour concrétiser un tel projet entendu et consenti dans un esprit de conversation authentique. C’est ce que désignerait l’expression « Réforme du système éducatif », cette révision devant inclure tous les cycles du système, de la maternelle à l’université.

Mais ce projet, qui est aussi une revendication, est à dissocier des actuelles revendications syndicales, par trop politisées pour la circonstance ; il est plutôt à mettre en place en tant que politique participative, impliquant toutes les volontés citoyennes, chacun pour la contribution dont il aurait les moyens, mais loin des calculs et des tensions sectorielles ou idéologiques qui pourraient mettre à défaut toute rationalité requise pour l’objectif fixé.

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