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  • 22/04/2017 à 09:59

Corée, une perspective de guerre ?

Corée, une perspective de guerre ?

Pr. Khalifa Chater

La Corée du Nord, dernier pays communiste totalitaire, s'adonne  à la politique d'intimidation stratégique. Instauré en 1948, dans la partie septentrionale de la péninsule le régime communiste nord-coréen, instauré en 1948, son voisin, soumet à rude épreuve l'Etat sud-coréen, qui a réalisé une relance économique spectaculaire. 

Dans un continuum de provocations, Pyongyang  tire, le 6 mars 2017, la Corée du Nord tire quatre missiles balistiques vers la mer du Japon, en violation des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU. Il s’agit de placer la communauté internationale devant le fait accompli. Par son tir balistique, du 12 février 2017, la Corée du Nord rappelle à la communauté internationale qu’elle n’est pas prête à abandonner son programme nucléaire et à rentrer dans un cycle des négociations en position défavorable. Les derniers tirs doivent être compris comme une réponse aux sanctions adoptées par le Conseil de sécurité de l’ONU en 2016 qui ont pris une forme bien plus économique que durant les dernières décennies. L’administration Obama et le gouvernement conservateur sud-coréen se sont entendus pour rompre avec la politique d’ouverture qui prévalait jusqu’alors sur la péninsule et qui avait pour vocation de faire rentrer, en vain, la Corée du Nord dans une transition économique et politique.

Peut-on affirmer que l’actuelle accélération du rythme des essais balistiques et nucléaires est le signe que la tentative d’asphyxie économique menée par la communauté internationale affecte le régime nord-coréen ? (Guylain de Mirandol," Stratégie. Nucléaire nord coréen : fin de partie ?", http://www.diploweb.com/, le 11 mars 2017).  Nous pensons, qu'il s'agirait plutôt de velléités de surenchère, d'un souci de répondre au développement de la Corée du Sud, érigée désormais en "vitrine" de la réussite libérale. En tout cas, les tirs de mars 2017, mit la communauté internationale, devant le fait accompli et rappelle à la nouvelle direction américaine, qu'elle a la capacité de procéder à des tirs balistiques. Réponse immédiate du Président Trump a fait savoir qu’il avait envoyé un porte-avions et sa flotte dans l’ouest du Pacifique, en mentionnant clairement la menace nucléaire nord-coréenne. En effet, le porte-avions Carl Vinson, qui devait initialement faire escale en Australie, a pris la route du Pacifique-Ouest depuis Singapour. Il est accompagné de son escadron aérien, de deux destroyers lanceurs de missile et d’un croiseur lanceur de missile. La manœuvre s’inscrit dans une stratégie d’ensemble cherchant, à inscrire le rapport de forces et attendre la suite des événements.

La Corée du Nord a accusé, vendredi 14 avril,  les Etats-Unis de créer une "situation dangereuse" dans la péninsule coréenne. Elle a appelé samedi 15 avril, les Etats-Unis à mettre fin à leur "hystérie militaire" sous peine de représailles. "Notre contre-attaque la plus dure contre les Etats-Unis et ses forces vassales sera prise d'une façon si impitoyable qu'elle ne permettra pas aux agresseurs de survivre", a déclaré son  porte-parole. De leurs cotés, les Etats-Unis ont fait savoir que leur politique de "patience stratégique" était terminée.

Le Président Trump a souhaité une intervention chinoise, pour arrêter l'escalade nord-coréenne.  D'ailleurs, la pression militaire exercée par Donald Trump, ne vise pas seulement le régime-bunker de Pyongyang. La manœuvre s’inscrit dans une stratégie d’ensemble cherchant à persuader Pékin, "parrain" de Pyongyang, que les Etats-Unis sont prêts à agir unilatéralement, et donc à "forcer" la négociation. Les possibilités d'intervention chinoises sont évidentes: La Chine qui absorbe près de 82% des biens exportés de Corée du Nord dont la dépendance économique est ainsi totale. Dans ce cadre, la mise en place d’un bouclier anti-missile THAAD en Corée du Sud, qui contraindrait de facto la dissuasion nucléaire chinoise, offre un levier de négociation aux Etats-Unis pour contraindre la Chine à ne plus perfuser la Corée du Nord. Pékin appelle au "dialogue".Pourrait-elle arrêter l'escalade ?

Ne perdons pas de vue que la dissuasion nucléaire se base sur la peur, dans les deux camps.  Depuis la fin de la guerre froide, la question de la légitimité et de l'efficacité de la dissuasion nucléaire est plus que jamais débattue. La menace nucléaire apparaitrait plutôt comme un discours de surenchère, vu les graves périls pour les différents protagonistes. Au très sérieux « jeu de la dissuasion » décrit par Raymond Aron (facteur politique), le nucléaire n’a pas d’avenir sans forces conventionnelles crédibles. Mais le positionnement quasi solitaire du régime nord-coréen  ne peut exclure une démonstration tragique, qui d'ailleurs l'affecterait, à brève échéance.

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