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- 15/05/2017 à 10:04
Crise de Corée, l'Arrêt de l'escalade ?
Pr. Khalifa Chater
La crise de la Corée était à son apogée, comme suite aux tensions, suscitées par la stratégie de guerre de Pyongyang,et sa fuite en avant atomique et balistique. La menace de frappes préventives, évoquée par le Président Donald Trump, confirmait l'escalade. Donnée nouvelle, la destitution de la Présidente Park Guen-Heyn, en mars, et l'alternative politique anticipée, qu'elle a mise à l'ordre du jour annoncèrent une révision de la politique sud-coréenne. Entré en fonction, le 10 mai, après son élection triomphale (41,08 % des voix, contre 24 % au candidat conservateur et 21,4 % au candidat du centre=, Moon Jae-in a prôné le dialogue avec Pyongyang. Il a promis d'œuvrer pour "créer une nouvelle Corée" et d'être "le président de l'unité".
Le nouveau président, Moon Jae-in annonce la relance de la politique de dialogue, en rupture avec ses prédécesseurs. Son positionnement réactualise la politique dite "du rayon de soleil", du président Kim Dajung (1998-2003) et poursuivie par Roh Moo-hyun (2003-2008), dont il fut le directeur de cabinet. D'ailleurs, le Président Roh Moo-hyun a organisé, en octobre 2007, un sommet avec le dirigeant Kim long-il, père de l'actuel président nord-coréen. Mais l'alternative institua la fermeté et mit fin au dialogue, lors des présidences de Lee Myung-bak (2008-2013) et Park Geun-hye (2013-2017). Changement de la stratégie, Moon jae-in déclara : "La Corée du Sud devrait se rapprocher (de la Corée du Nord), pour atteindre la réunification pacifique…Nous devons reconnaître Kim long-un, comme son dirigeant et comme notre partenaire du dialogue". D'autre part, il se dit prêt à se rendre en Corée du Nord : " Si besoin, dit-il, je m'envolerai immédiatement pour Washington. J'irai à Pékin et j'irai à Tokyo. J'irai à Pyongyang" (déclaration devant l'Assemblée nationale, in Le Monde, 11 mai 2017).
Bien entendu, le nouveau président s'est engagé à ne pas prendre d'initiatives importantes, sans en discuter, au préalable, avec Washington. Mais il estime qu'il incombe à la Corée du Sud de formuler sa politique et non de se soumettre aux dictats de ses alliés. Moon jae-in, affirme Kim Ji-yoon, experte à l'Asan institute, un think-tank, établi à Séoul, que le nouveau président "estime que la Corée du Sud doit être à la place du conducteur et non seulement s'aligner sur les Etats-Unis" (analyse de Sebastien Faletti, "la Corée du Sud tourne la page Park", le Figaro, 9 mai 2017). L'initiative du nouveau Président attenue certes l'escalade et peut écarter la mise en péril de la péninsule coréenne. Mais pourrait-elle rapprocher suffisamment les protagonistes, pour engager le dialogue unitaire ? Dernier bastion de la guerre froide, le régime de Pyongyang reste attaché à son discours fondateur. Le nouveau tir de missile balistique, dimanche 14 mai 2017 révèle que la Corée ne tient pas compte du message du nouveau président coréen et qu'elle persiste et signe. Le nouveau président sud-coréen avait dénoncé une "provocation irresponsable" alors que Donald Trump avait demandé un durcissement des sanctions contre le Nord.
Mais l'évolution de la situation dans le voisinage de la Corée du Mord et chez ses alliés géopolitiques, la Chine et la Russie - qui la soutiennent des bouts des lèvres - pourraient changer la donne.