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  • 29/09/2020 à 12:18

D’Âme, une expo de Kassou pour l’incandescence de la femme-âme

D’Âme, une expo de Kassou pour l’incandescence de la femme-âme
Par Mansour M’henni 


En ces temps de grands marasmes dus à une épidémie infâme et une politique du pays sans âme, c’est d’un relatif confort que de pouvoir se délecter devant les œuvres d’art et méditer leurs clins d’œil séducteurs et leur souffle au chuchotement réchauffant.
C’est pourquoi je n’ai pu résister à l’invitation de Kaouther Jellazi Ben Ayed (Kassou) pour le vernissage de son exposition, « d’Âme », à Musk and Amber Gallery, malgré les conditions difficiles et plutôt dissuasives à plus d’une raison. J’ai donc fait ce qu’il fallait (les organisateurs aussi) et ne me suis pas privé du spectacle d’une douce lumière par une rude nuit sans saison.
J’avoue ne pas résister au charme de l’art de Kaouther Kassou, et sa dernière exposition « Fil de soie » m’avait déjà laissé sur ma faim.
Peut-être parce que, dans l’œuvre de cette artiste, il y a autant de poésie que de création plastique, ce qui ne saurait laisser indifférent le petit poète que je crois être.
Le titre déjà nous interpelle vivement : « d’Âme » ! Dame ! On ne se serait pas trompé puisque c’est effectivement à une exposition de dames qu’on a affaire : dames de toutes les couleurs, dames de formes variées parce que leur fixité apparente n’est que le déclenchement d’une mobilité, traversant « le cadre » ou ce qui lui ressemble, pour accompagner le regard du spectateur jusqu’à son foyer d’origine, au plus profond de son âme.
La dédicace est dans le fil de la pensée : « Pour l’âme de ma mère… / Repose en paix maman chérie. / Je te ferais survivre au-delà de moi. » De l’âme maternelle à l’âme au-delà, l’âme de l’au-delà, à travers l’âme de l’artiste.
 Drôle d’inversion de l’acte, ces dames nous pénètrent et réveillent en nous nos démons, trop assagis peut-être par une quelconque indifférence ou une froide désillusion.
Acte plastique, acte verbal, acte amoureux ! Tous les verbes y invitent à l’entrée de chaque toile, à l’approche de chaque corps.
On est tenté de toucher, malgré tout, malgré le mal, à quelque chose qui pourrait évoquer le fameux « Sublime dans le Mal », baudelairien. Mais pourquoi le Mal ? Tout simplement le Sublime ! Celui de la beauté recherchée à travers la conjugaison d’un paradigme verbal à la première personne. Ce sont tous autant d’actes de la traversée, de la pénétration si cela vous enchante, de celle-là même dont Baudelaire, toujours lui, dirait : « Au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau ».
Marrez-vous à cet exercice de conjugaison – mais ne vous en marrez pas – et vous trouverez sous chaque verbe une femme, une forme, des couleurs, une âme, la vôtre peut-être que vous redécouvrez ! Je m’en charge, je ruse… J’odalisque, je décide, je m’abstiens, je chavire, j’ensorcelle, j’anticipe, je médite, je défie, je rêve, je séduis, je fugue, je trinque, je flirte, je joue, j’erre… je m’aime, je regarde, je garde, j’égare, je m’égare… je m’exhibe… je perpétue… j’éclaire, je défile… je régénère… je perdure, je partage, je délire, j’essaime, j’accouche, je détrompe, j’illusionne.
Tous ces verbes, et les autres non repris ici, ne convergent-ils pas vers un seul ? JE VIS ! Et en vivant, je fais vivre… et survivre… Au-delà de ces mots qui défilent, à défier tous les maux, on retrouve, dans leurs correspondances autrement baudelairiennes, le fil conducteur des couleurs et des formes Kassouennes, un fil autrement soyeux reliant les constituant d’un monde élastique, s’étendant jusqu’aux confins de l’infinie jouissance, jusqu’aux profondeurs de l’essence.Les femmes de Kassou sont d’une fine « filure », filées comme toile (d’araignée), filées comme une musique ou une pièce de théâtre, lascivement filées au pas d’un rythme d’un cœur en débandade…    En sortant de la galerie, on ne saurait s’empêcher de vouloir refaire le monde au féminin, avec des formes de femmes, des couleurs de femmes, des mots de femmes pour avoir cette ultime illusion de saisir la lumière et la chaleur de l’incandescence de l’Âme.
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