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  • 13/12/2024 à 18:12

Du droit des peuples à la lassitude

Du droit des peuples à la lassitude
Par Mansour M’henni
L’Histoire contemporaine nous donne inlassablement des preuves de la lassitude des peuples à supporter longuement leurs gouvernants ; mais ceux-ci s’obstinent toujours à ne pas prendre ces preuves pour des règles incontournables. Une autre preuve venait de confirmer la règle, celle de la destitution du président syrien « déchu », Bachar El Assad. Curieusement, la déclaration de celui-ci, le lendemain de son exil soviétique n’est pas sans rappeler celle de feu Ben Ali, la veille de son exil saoudien : cette excuse qui vient toujours trop tard.

Qu’importe comment chacun choisit d’affronter le pouvoir qui se prend pour indéboulonnable ou comment s’en accommoder, car à la fin, les deux attitudes finissent en un mode de dénigrement de ce pouvoir, par l’attaque directe ou par la complaisance paraphrastique et redondante. Un citoyen est toujours libre de sa façon d’être ou de faire, dans ce genre de situation, pourvu qu’il ne conteste pas à son semblable d’être ou de faire différemment de lui. Finalement, le jeu est celui des rapports de force, et ceux-ci sont tributaires de nombreux intervenants.

Il y a évidemment les conditions économiques et sociales qui, en se détériorant, deviennent des adjuvants, puis des déterminants de l’opposition politique. Celle-ci peut aller de l’attitude franchement et même violemment subversive, à cette opposition timide et camouflée qui passe pour un soutien de bon conseil au pouvoir en place, même s’il est rareque ce pouvoir la prenne pour tel.

C’est cette obstination et cet aveuglement qui font croire aux gouvernants qu’ils peuvent se maintenir en place, aussi longtemps qu’ils le voudraient, et même de préparer leurs successeurs dans le cercle de la famille restreinte. Puis, quand la raison de la chute leur tombe sur la tête, ils cherchent aveuglement, dans la nuit du langage, les termes de l’excuse redorée de la séduction rhétorique ; mais c’est à peine s’ils y trouvent des bruits de casseroles qui leur renvoient leur image de casserole ou qui les font passer à la casserole.

Evidemment, ils se rendent compte alors que leurs anciens soutiens, à l’intérieur et à l’extérieur de leur champ d’action, sont eux-mêmes les agents de leur chute, comme s’écrouleun bâtiment de la pourriture ou du délabrement de ses murs ou de ses piliers. Ils voient alors, s’ils ont encore des yeux pour voir, les mêmes danses dont on les gavait se tourner vers les nouveaux gouvernants pour les séduire. Ils voient l’incurable et l’irrémédiable qui leur crèvent les yeux dans la cécité où ils avaient toujours vécu en la prenant pour une vraie lumière.

 

Ils comprennent alors que la lumière d’un gouvernant ne lui vient de personne. Elle lui vient de lui-même tant qu’il a encore l’intelligence de pouvoir converser avec lui-même avant de converser avec autrui, converser avec l’humilité que s’impose une conscience vive, convaincue de ses limites, quelque envoûtante que lui paraisse sa mission en termes de message prophétique, presque divin, lui donnant de lui-même une idée de surhomme.

 

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