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  • 19/08/2019 à 10:53

Election à la Présidence et candidats de partis

Election à la Présidence et candidats de partis

Par Mansour M’henni


J’ai précédemment développé ici même la thèse selon laquelle l’élection d’un candidat indépendant à la présidence conviendrait mieux à l’étape de transition démocratique qui se fait et à l’esprit de la constitution telle qu’elle est. Pour ce faire, il faudrait trouver l’oiseau rare qui réunirait le plus de paramètres et de conditions pouvant assurer sa réussite avant et après les élections. 

Dans l’état actuel des choses, sur l’ensemble des candidats indépendants, un seul semble gagner ces données de base et aurait ainsi le plus de crédibilité.

N’empêche qu’il faudra compter aussi, et sérieusement, avec les candidats des partis. D’abord parce que la machine électorale classique, avant et après 2011, a façonné les mentalités des citoyens autour de l’idée de(s) parti(s). Du coup, on se retrouve avec un discours de campagne de candidats à la présidentielle totalement confondu avec le discours de leurs partis aux élections législatives. Or, n’y a-t-il pas là contradiction avec l’âme même de la constitution de 2014 et du système politique qu’elle a mis en place pour la Deuxième République ? En effet, le président ainsi élu sera moralement et politiquement engagé dans un programme gouvernemental qui ne relève pas de ses prérogatives alors qu’il serait élu sur la base de ce programme !

On sent là le piège subrepticement inséré dans la constitution actuelle, dans le sens que d’aucuns voulaient lui donner en programmant les législatives avant l’élection présidentielle. Le décès du président Béji Caïd Essebsi a donc perturbé ces cartes et mis au grand jour les pièges, les contradictions et les enjeux camouflés de la constitution. Aujourd’hui, on n’a plus le choix et tout le monde devra faire avec, en essayant de tirer au mieux son épingle du jeu.

Ce qui est certain, c’est que la concurrence sera doublement rude : d’une part entre un sérieux candidat indépendant et les candidats partisans, d’autre part entre les candidats partisans disposant de grandes chances de passer au second tour.

Les données objectives et les indices d’évaluation les plus probants, tenant compte à la fois de ce qui est directement perceptible et de ce qui se trame sous la table, présageraient d’une compétition serrée entre quatre candidats partisans pour une place au second tour si le candidat indépendant y va, ou deux places dans le cas contraire. Ce quatuor serait constitué de Chahed, Karoui, Moussi et Jomaa ou Mourou. Un autre quatuor serait sur le cercle du deuxième rang et pourrait déplacer l’indice de mobilité des électeurs : Marzouki, Abbou, Elloumi et celui qui ne passera pas au premier rang du duo Jomaa-Mourou.

Or de tous ces candidats, personne n’a vraiment donné encore un programme électoral spécifique à la présidentielle, ni ceux ou celles qui parle en leurs noms personnels, ne ceux ou celles parlant au nom de leurs partis respectifs. Rien que des slogans et des accusations réciproques. Chacun se réclame de son éthique qu’il dénie aux autres, ou se défend d’accusations que des concurrents lui collent.

Dans cet ensemble, peut-être Youssef Chahed, de par son poste, est-il le seul à développer, avec ses partisans, des indications liées  directement à la gouvernance. Il lui faudrait cependant marquer la ligne de séparation entre SA campagne présidentielle et la campagne de son parti pour les législatives, s’il ne veut pas se retrouver dans les mêmes problèmes qu’il a vécus lui-même à Nidaa Tounès ou dans ses rapports à la présidence de la République.

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