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  • 10/05/2016 à 14:34

En attendant le duel électoral américain …!

En attendant le duel électoral américain  …!

Pr. Khalifa Chater

Le triomphe, mardi 3 mai  en Indiana, de Donald Trump, érige le milliardaire en candidat unique du parti républicain, aux primaires. Ted Cruz, puis John Kasich, ont annoncé la suspension de leur campagne. Ils étaient 17 candidats, il n’en reste plus qu’un seul.  

Donald Trump, qui  va porter les couleurs républicaines, suscite des réserves, dans son propre camp. De nombreux républicains ont quitté le parti. Avant de jeter l’éponge, Ted Cruz s’est livré à une attaque, sans précédent, contre son adversaire. Le clan Bush ne soutiendra pas Donald Trump. Face à la résignation de leur Establishment, des dirigeants  démocrates n'ayant pas réussi à bloquer  Donald Trump, espèrent que les démocrates le stoppent sur le seuil de la Maison-Blanche. Les médias expriment leur rejet: "Donald Trump seul candidat républicain, c'est «un suicide national» affirma Le Soir (rédaction en ligne, 5 mai). Certains parlent même d'un "phénomène de cirque" (Kiosque, TV5, 7 mai 2016).

En réalité, Donald Trump est un personnage politique hors normes. Il incarne le populisme.  Il  demande l'arrêt de l'émigration, juge nécessaire un alourdissement des impôts sur les plus aisés et fait valoir une politique sécuritaire. D'autre part, il annonce  l'abrogation de l’Obamacare, la politique de solidarité sociale,  en politique intérieure. Le slogan "America first", l'Amérique d'abord, résume sa politique étrangère. C'était le slogan isolationniste américain, en 1940-1941, d'Henri Ford et Charles Linbergh. Il rejette l'interventionnisme guerrier de George W. Bush comme le moralisme du "leadership from behind" (direction à distance) de Barack Obama. De ce fait, il condamne l'aventurisme du premier en Irak et l'inaction du second, en Syrie. En conclusion, il affirme: "le monde va mal et je suis le seul capable d'y mettre bon ordre". Réagissant à son discours, Frank-Walter Steinmeier, le chef de la diplomatie allemande déclara : "Aucun président américain ne pourrait esquiver les nouvelles réalités internationales… America First n'y répondait pas" ( Philippe Gélle, "Le monde doit-il avoir peur de Donald Trump, Le Figaro, 30 avril- 1er mai 2016).  Cette peur serait d'ailleurs partagée par l'opinion américaine.

 Des analystes, par contre, estiment que le candidat républicain est un innovateur: " Le milliardaire de New York, affirme  le Temps, représente un animal politique totalement nouveau... C’est un candidat «postmoderne». Personne mieux que lui, n'a compris l’ère dans laquelle on vit, celle de la révolution numérique. Il a fait des réseaux sociaux son principal chef de campagne, captant avec une redoutable efficacité le mécontentement populaire. Le message est secondaire, l’essentiel est le médium (Donald Trump, les facettes du candidat républicain, in Le Temps, 4 mai 2016). Le journal remarque cependant que le candidat, "à la différence de Barack Obama qui, en 2008 et 2012 véhiculait sa vision politique à travers les réseaux sociaux, Donald Trump communique par slogans réducteurs. Les médias en sont d’ailleurs au point de renoncer à vérifier les déclarations du candidat, tant elles font fi des faits".

Mais le candidat Donald Trump a un programme mouvant, qui pourrait tenir compte de la pesanteur politique et des exigences de l'opinion. Sa quête d'union du parti, son souci  de convaincre les minorités  et l'exigence de l'Establishment américain, seraient susceptible d'assurer son recentrage politique. En cas de triomphe électoral, garderait-il son uniforme de candidat ? 

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