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  • 04/05/2016 à 10:53

Famille syrienne à Paris

Famille syrienne à Paris

Par Mansour M’henni 


La mendicité est un fait transversal dans les sociétés et elle est exercée de différentes façons, selon les pays. Elle est sans doute la conséquence des inégalités sociales et des défaillances des politiques de développement ; cependant elle est aussi le signe d’une dégradation humaine au point du renoncement à la dignité. Certes, la faim oblige quand il y a faim, mais y a-t-il toujours seulement la faim derrière la mendicité ? C’est la question !

J’ai personnellement souvent écrit contre la mendicité pour certaines de ses manifestations, et dans mon esprit, ce n’était au fond jamais les mendiants que je blâmais. C’était souvent ceux qui les réduisaient à ce statut et ceux qui, après, les exploitaient pour d’autres profits. Et il semble en être ainsi dans la plupart des pays. Faut-il donc faire de cette quasi-généralité un argument d’autorité pour ne rien faire ? Ce serait inhumain !

Aujourd’hui, ce qui m’a ramené à cette question et à en parler de nouveau, c’est une pancarte brandie par certaines mendiantes à Paris, plutôt à sa périphérie interne, à l’intérieur de ses remparts virtuels de la promiscuité sociale et du vivre-ensemble multinational. La pancarte portait le groupe nominal «Famille syrienne », souvent en français, en anglais aussi. Les femmes exhibant ces pancartes sont de bonne et solide constitution physique, les contours du corps nettement visibles, ou imaginables, sous une djellaba sombre surmontée d’un foulard aussi foncé qui ne sonnait pas comme un signe religieux. On croirait mal que de telles personnes aient longtemps souffert de la faim jusqu’à finir par avoir « une peau collant aux os », comme on dit chez nous.

Ce qui m’a un peu intrigué, gêné même, c’est qu’en passant par Paris, lors de la saison de la « mendicité hongroise », ni même du temps, plus lointain, d’autres mendicités faisant suite à l’instabilité politique et sociale d’autres pays, je ne me souviens pas avoir vu l’exhibition aussi arrogante de la nationalité comme argument de mendicité. Qui est donc le designer de cette campagne et le concepteur de son slogan ? Je ne saurais le dire, mais sa touche me paraît certaine et je vois déjà ses imperceptibles doigts tirer sur les ficelles. Les marionnettes ? Ces pauvres femmes amenées à consentir le sacrifice de la grosse part de leur effort, peut-être aussi de la totalité alléchante de leur corps et finalement le fin fond de leur dignité nationale, comme un pourboire.

Cela me rappelle la saison de la mendicité syrienne, chez nous en Tunisie, lors d’un ramadhan estival succédant au séisme belliqueux qui a éclaté dans « La Contrée du Cham » pour tout y détruire. Cela me rappelle surtout ces enfants de moins de douze ans, filles et garçons, trainant dans les cafés et autres lieux publics, pour amadouer l’esprit de pitié chez qui voudra bien en faire usage.

Le prétexte amenant à ces drames était d’abolir la dictature, cet autre slogan qu’on sort toujours pour justifier les entreprises nihilistes conduites dans certains pays devenus indésirables après une relative complicité. Finalement, cette « dictature » est toujours là et ce qu’on a finalement détruit, c’est l’humain et ce qui lui donne sens en tant que tel, l’historique, le culturel et le civilisationnel. En tout cas, à comparer à d’autres lieux d’incendies provoqués par les grandes puissances, les dictatures sont remplacées par de prétendues démocraties plus viciées et plus vicieuses, plus impérieuses et corrompues, plus arrogantes dans leur incompétences que les anciennes prétendues dictatures.

Bientôt les parrains de ces violences institutionnalisées se partageront les richesses et les chantiers, il ne restera que les cendres de populations immolées sur l’autel d’une prétendue humanité. Au fait, où sont les organisations des droits de l’homme vis-à-vis de ces mendiants qui parcourent les rues du monde ? N’avaient-elles pas chichement payé des agitateurs politiques, au nom des nobles valeurs brandies comme arme de militantisme, sur la voie de la déstabilisation de certaines sociétés. Où est cette organisation gouvernementale qui payait jusqu’à 30 mille dollars une figure d’opposition qui n’avait aucun sens de la propreté environnementale, même pas dans l’espace creux de son discours ? Où est cette autre organisation pour la liberté d’expression qui n’avait fait que gonfler les poches et le narcissisme de son chef auto-promu chef de file du Front National ? Et où sont toutes les autres de même nature ?

Je souligne ici la responsabilité de la société civile car c’est là son rôle. A moins de reconnaître que les composantes de celle-ci ne sont que des chargées de missions, de nouveaux missionnaires ou des agents de 

forces occultes qui dépassent l’ordre et les pouvoir des Etats pour servir les intérêt d’un autre ordre à divin pouvoir ou à pouvoir semblable.

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