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  • 21/10/2023 à 10:46

Force est de repenser notre « humanitas ».

Force est de repenser notre « humanitas ».
Par Mansour M’henni
Cela fait des jours que je suis tenté d’écrire de nouveau sur ce qui se passe au Moyen-Orient et à Gaza en particulier où les maîtres du monde semblent chercher à creuser une tombe pour l’humanité en tant que valeur caractéristique du genre d’êtres qui se prétendent supérieurs à tous les autres.

Or que dire de plus sur cette question, sinon que des actants-décideurs sont à la commande de tous les actes et de tous les mouvements d’une tragédie pernicieusement conçue et montée, pour leur délectation sadique et pour un calcul d’intérêts ignorant toute justice et toute interaction de droit.

Encore une fois, on se retrouve avec des notions de peuple élu, de peuple banni, de peuple victime et de peuple coupable, dans l’inconscience meurtrière que nous avons à l’égard des malheurs subis par des gens faibles et innocents. Que dire quand des coalitions s’affirment, dans toute la vigueur d’un esprit vengeur, se nouant et se dénouant au gré des circonstances et de l’évolution des choses, qui par un remords tardif et qui par simulation hypocrite ?

C’est apparemment à cela que sert le mieux cette nouvelle technologie que nous exhibons comme une preuve de la précellence de l’intelligence humaine ! Oui, une preuve, s’il s’agit de l’intelligence de l’abrutissement… presque généralisé. J’ai vu des images terriblement ahurissantes et j’en ai eu honte, à me sentir castré de mon humanité, à me vouloir muet contre les marées diluviennes de paroles cherchant à justifier l’injustifiable !

C’est à cela que servent les médias, ni à informer fidèlement, ni à interroger honnêtement, mais à forcer, à orienter, à faire dire ce qu’on voudrait que ce soit dit compte non tenu de ce qui est à dire sincèrement, en bonne âme et conscience, et dans la responsabilité éthique dont on est redevable.

Tel joueur célèbre est harcelé pour se prononcer ; puis on lui compte, en termes de reproche, le retard qu’il a pris à s’exprimer, pour autant que l’on puisse parler de « s’exprimer » ; et à la fin, on lui fait dire ce qu’on veut et non ce qu’il dirait s’il se sentait libre de le faire ! Tel artiste de renommée également ! Et telle personnalité politique supposée non alignée sur le langage du perroquet, comment la laisser en retrait du consensus absolu qu’on voudrait exhiber à la face du monde ? Ce nom célèbre de la politique internationale est donc invité sur le plateau d’un média, qu’on imaginerait facilement en charge d’une mission paramilitaire, avec pour rôle strict de l’animatrice, non pas de l’interroger et de le laisser s’exprimer, mais de lui couper la parole dès qu’elle le sent dévier du sens dont elle voudrait charger ses propos ! Tous les mots, toutes les phrases en décalage de cet objectif arrêté doivent être noyés dans la voix criante et ininterrompue de la directrice du plateau.

Et c’est à de tels coups de « l’a-communication » qu’on finit par capitaliser assez de mots pour attribuer à la personnalité politique invitée l’avis qu’on avait décidé de lui attribuer. Tel est notre monde aujourd’hui ! Force est de le constater à la lumière de deux contextes de violence caractérisée ayant perturbé toutes les cartes et faussé les règles du jeu, culturellement établies comme un gage d’humanité. Force est peut-être surtout de repenser notre « humanitas ».
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