• Actualité
  • Chronique
  • 03/08/2017 à 09:54

Heureux anniversaire dans l’au-delà, Père Bourguiba !

Heureux anniversaire dans l’au-delà, Père Bourguiba !

Par Mansour M’henni 

Plus le temps passe, plus il nous replace devant le constat implacable que, dans notre Histoire, Bourguiba est un repère incontournable. 

Ce constat, il est bon de le rappeler et de le raisonner aussi souvent que nécessaire, et cette date anniversaire du père de notre Etat moderne, le 3 août, est une occasion propice pour repenser Bourguiba, non seulement en termes de reconnaissance, mais dans une dynamique de Re-Co(n)-Naissance ainsi décomposée et recomposée, régulièrement, au gré des moments cruciaux de l’édification de notre avenir.

Dernièrement, dans le cadre des « Salons de Hammamet », nous avons eu à discuter rapidement, sans assez nous y attarder, une phrase que j’emprunte à mon ami Chokri Mabkhout et que je trouve à tous points de vue programmatique : « Bourguiba est le seul à avoir fait une vraie révolution en Tunisie ». Pour rester fidèle à l’esprit du collègue, précisons que cette affirmation est suivie d’une nuance critique ; « Cependant, il a conçu sa révolution en référence à la famille et non à l’individu ; c’est pourquoi il est resté classique dans sa révolution ».

Ces affirmations, que je rappelle ici bien à propos me semble-t-il, sont à mon sens programmatiques parce qu’elles devraient conduire l’opération de « Re-Co(n)-Naissance » dont nous sommes redevables au fil du temps qui fait notre Histoire et qui nous fait sans doute histoire.

Certes le mérite de l’acte fondateur de Bourguiba n’est pas exclusivement le sien, mais cela est déjà un autre mérite, celui d’avoir réussi la synthèse intellectuelle et civilisationnelle de l’esprit réformiste tunisienn comme une spécificité interactive et comme démarche authentique du sens constructif du concept de révolution. En effet, Bourguiba n’est pas de ceux-là qui, cadré par un endoctrinement dogmatique et allumé par une quelconque manipulation idéologique, mettrait l’avenir de son peuple et de sa patrie dans le courant incertain des tempêtes de l’orthodoxie révolutionnaire depuis qu’un pseudo-marxisme a décidé de couler celle-ci dans un moule rigide et restrictif. Pour Bourguiba, comme pour Kateb Yacine par exemple (qui ne devait pourtant pas beaucoup l’apprécier au vu de la pièce qu’il lui avait consacré), la révolution est le mouvement de l’univers, celui du temps et celui de l’Histoire. De ce fait, la vraie révolution est celle qui se fait dans la tête des citoyens par la force de l’éducation, du savoir et de la culture, ainsi que par ce qui en découle en conscience de contribution et d’apport à la construction sociétale.

On comprend alors le cheminement de l’entreprise bourguibienne, particulièrement centrée, à l’aube de l’indépendance, sur la femme, l’école, la santé, la propreté et la culture (oui, la culture et il y a bien lieu d’en parler longuement) ! Le tout dans un régime républicain doté d’une des plus solides et des plus cohérentes constitutions qui puisse se concevoir à l’époque. Il nous a fallu beaucoup de temps et plusieurs accidents pour nous rendre compte de cet acquis exceptionnel, mais mieux vaut tard que jamais. De là l’importance d’une reconsidération de la pensée et de l’action bourguibiennes, non pour les consacrer comme deux entreprises statiques et immuables, donc réductibles en d’autres dogmes, comme le font malheureusement certains fieffés bourguibistes, mais pour en faire une base de réflexion et une plateforme de reconstruction à même de nous éviter le chaos qui parfois nous menace comme aujourd’hui.

A y voir de plus près, ce que d’aucuns ont appelé « révolution » en 2011 (pourquoi pas, à la limite ?), s’est avéré un cours de l’Histoire guère très différent de l’esprit réformiste, mais en mode semi-violent. C’est que le temps et l’évolution logique sont en train de reprendre leur cours normal chez nous malgré certains mouvements de blocage qui se comprennent et qui sont dans leur droit démocratique. Cela aussi est un produit du projet bourguibien car, dans leur écrasante majorité, les opposants sont aussi des produits de la pensée bourguibienne, d’une façon ou d’une autre.

Il y a donc quelque chose à réviser, à compléter, à reconduire dans cette tâche d’édification sociétale en Tunisie. Appliquons-nous à l’analyser aussi objectivement que possible, sans aucune surenchère, et à nous en inspirer au mieux, dans l’interaction intellectuelle avec ce que la modernité nous apporte. Concentrons-nous sur la construction sans calcul étriqué ni égoïsme exorbitant, et l’avenir répondra forcément à notre volonté de concevoir un avenir toujours meilleur. Dieu ait l’âme de Bourguiba, de Chebbi et de tous les nôtres. Heureux anniversaire dans l’au-delà Père Bourguiba !  
Partager sur
Retour
Les Dernières Vidéos
Les Dernières Actualités