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  • 01/12/2025 à 10:25

Intelligence humaine et intelligence artificielle

Intelligence humaine et intelligence artificielle

Par Mansour M’henni

La montre de l’évolution actuelle de l’intelligence humaine semble étroitement liée à l’évolution de l’intelligence artificielle (IA), à tel point de laisser croire à une sorte d’aliénation de la première à la deuxième. C’est à se demander si l’intelligence humaine, qui avait créé l’IA, n’avait pas oublié qu’elle avait créé cette dernière et ne s’était pas soumise à sa volonté, pour autant qu’on puisse parler d’une volonté de l’IA. De fait, l’IA ne serait qu’un autre outil à la disposition de la volonté humaine, celle-ci pouvant en faire soit ce que cet outil est vraiment, en l’occurrence un instrument technique aussi intelligent qu’il paraisse, soit un mythe d’une super intelligence pouvant commander l’intelligence humaine et la manipuler.

Or notre façon d’agir avec l’IA est souvent la recherche de la facilité : trouver une solution rapide à un problème de nature utilitaire. La raison du moindre effort, quoi ! Ainsi la façon de se comporter face aux données fournies par l’IA se résume à l’application mécanique des suggestions de la machine, même quand ces suggestions sont données avec des réserves relatives. Autant dire alors que notre interaction avec l’IA se réduit à un simple confort s’accommodant avec notre paresse intellectuelle plutôt qu’à un moteur stimulant nos interrogations et notre désir de comprendre. On n’ose alors même pas soupçonner une quelconque relativité des données, des informations et des idées fournies par l’IA.

Pourtant, cette dernière se présente comme une dynamique « conversationnelle » ! Or celle-ci suppose d’abord un esprit de conversation doutant de tout pour retrouver le meilleur chemin vers la vérité, aussi relative qu’elle finisse par s’avérer. Cependant l’esprit de conversation de l’IA n’est pas de cette nature, il est simulation comme le dit sa définition même : « L’intelligence artificielle est habituellement définie comme un ensemble de techniques et de systèmes informatiques qui sont capables de simuler des processus cognitifs humains en se reposant sur des algorithmes d’apprentissage automatique. » N’est-ce pas en cela qu’elle est artificielle ? N’est-ce pas pour cela que ce qui est convenable, c’est d’y chercher les adjuvants d’une vraie conversation humaine plutôt que les solutions qui freinent la pensée et interrompent l’interrogation.

Aujourd’hui donc, les sociétés actuelles sont mises à l’épreuve de l’éducation convenable, une éducation à la pensée et non au savoir : ce dernier étant un ramassage d’informations tandis que la première est une intelligence qui creuse au fond des choses pour essayer de comprendre : une philosophie qui ne vire pas elle-même dans le sens du bachotage, du copiage et de la manipulation rhétorique.

On le voit donc, de ce point de vue, notre façon d’être à l’IA est déterminante de notre façon d’être à la vie, une façon d’être à soi et à autrui. Bref, une façon de s’inscrire dans ce que d’aucuns appellent un vivre brachylogique, qui est le fondement même de la Société de conversation.

« La Nouvelle Brachylogie est une pensée du monde dont le pilier central est l’esprit de conversation et l’idéal éthique est la démocratie de tous et non d’une simple majorité, une démocratie de la conversation et non de la démagogie, de l’éloquence et de la manipulation des foules par le pouvoir de la parole. »

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