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  • 20/09/2021 à 09:29

Kaïs Saïed et son prochain chef du Gouvernement…

Kaïs Saïed et son prochain chef du Gouvernement…

Par Mansour M’HENNI

Une nouvelle semaine de l’état d’exception commence avec peut-être l’ultime espoir, pour les Tunisiens comme pour les partenaires et les observateurs étrangers, de voir le président Kaïs Saïed nommer le chef de gouvernement attendu et, avec lui ou tout de suite après, son équipe gouvernementale.

Nous croyons toujours que le Président de la République a pratiquement en tête, et même sur papier, l’essentiel des membres du prochain gouvernement : ceux nommés par lui en tant que chargés de ministères et ceux ayant fait partie du gouvernement devenu celui de gestion des affaires courantes depuis la déchéance de Hichem Mechichi. A énumérer ces noms dont la reconduite au sein du nouveau gouvernement sera sans doute confirmée à temps, on se rend compte que le compte n’est pas loin du nombre prévu (15 selon l’UGTT) pour un gouvernement réduit, en attendant des élections probables et des transformations à la configuration institutionnelle de l’État, non arrêtée encore, au moins non explicitée.

Reste donc le gros morceau, le plus éprouvant pour K. Saïed, celui du chef du gouvernement dont le statut semble devoir répondre d’abord à celui de la fidélité à son Président et le maître de sa nomination en plus d’une compétence et d’une crédibilité à même de répondre à l’attente générale et d’assurer la gouvernance des urgences attendues. Il y a tout lieu de croire que le retard à nommer ce « Prince attendu » ne relève pas d’une quelconque nonchalance ou autre provocation présidentielle, mais d’une vraie inquiétude et d’un sincère souci de ne pas rater le coup, comme ce fut le cas avec les deux précédents présidents de gouvernement. Le plus grave, c’est que si les deux dernières « maladresses » trouvaient leur excuse dans le pouvoir décisif de l’ARP à asseoir le candidat proposé et son équipe, cette fois tout semble tenir à la seule compétence du Président, donc sous son entière responsabilité politique et morale.

Plusieurs noms ont été évoqués entre la spéculation externe au Palais et les informations fuitées de l’intérieur pour sonder les réactions des uns et des autres et en tirer les conclusions idoines. Depuis quelque temps, à peine une quinzaine après le 25 juillet, une liste de quatre noms seraient arrêtée déjà, d’après plusieurs médias, en attendant le verdict du Président qui serait en ballottage entre l’argument de confiance et l’argument de compétence. Deux seraient du côté du premier et deux du côté du second : d’un côté Nadia Akacha et Taoufik Charfeddine, de l’autre Marouene Abassi et Hakim Ben Hammouda. Aujourd’hui encore, cette liste semble celle qui déterminera le choix présidentiel, attendu au cours de la semaine.

A notre humble avis, ces personnalités sont toutes compétentes, crédibles et honnêtes, au vu de ce que l’on sait d’elles. Mais à notre humble avis, le Président devrait renoncer à prioriser la confiance, celle-ci étant toujours relative en politique, et favoriser la compétence ouverte, maîtrisant d’abord les questions économiques et sociales sur une fond politique intelligemment géré pour la meilleure gouvernance possible et non pour un quelconque profit carriériste dans le système du pouvoir. Ainsi, la confiance entre le Président et le chef du Gouvernement s’établirait sur une éthique de base et une vision partagée de l’avenir du pays dans la convergence de la spécialité juridique du Président et la spécialité économique du chef du Gouvernement. Cela réduirait le scepticisme de certains quant à la neutralisation de tout rôle du chef du Gouvernement en le prenant dans le secteur de compétence du Président, donc à une tendance de K. Saïed à opter pour un autoritarisme exagéré que ses adversaires se presseraient de présenter comme une dictature naissante.

Une fois ce choix adopté, la suite du mécanisme évoluera vite et bien, surtout en veillant à maintenir les candidats non retenus dans de hautes responsabilités où leurs compétences respectives seraient d’un grand apport.

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