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  • 21/01/2015 à 14:53

L'enjeu culturel

L'enjeu culturel
Par Khalifa Chater

L'ère postélectorale tunisienne implique nécessairement une redynamisation culturelle. Depuis la première décennie de l'indépendance, la Tunisie a créé un ministère de la culture, chargé de sauvegarder le patrimoine, de promouvoir la culture et de dynamiser la création.

L'institution de comités culturels régionaux et la création de maisons de culture devait assurer la décentralisation. L'effort accompli ne pouvait satisfaire les attentes des créateurs, dans les domaines du théâtre, du cinéma, de la musique et des beaux arts, vu l'insuffisance des moyens. Dans ces domaines, les créateurs ont pourtant réussi de performances. Qu'il nous suffise de citer les chefs d'œuvres produits dans les différents  domaines (films et pièces théâtrales d'avant-garde, compositions musicales de haut niveau, affirmation de l'école tunisienne dans les beaux arts). Dans le domaine de la diffusion de la culture, les festivals ont joué un rôle  pionnier, alors que le festival des journées de Carthage, est devenu une référence, dans le 7e art.  Des observateurs peuvent cependant remarquer les grandes insuffisances, confortées par une certaine usure, sinon un déclin des services de la culture.  Actuellement le secteur  est sinistré. Au-delà de l'assistance, qui constitue une solution d'urgence, il requiert un réexamen général, pour créer les conditions de son développement et assurer les investissements nécessaire à l'infrastructure (salles de cinéma, théâtres, maisons de culture fonctionnelles etc.).  L'encouragement devrait concerner les différentes facettes de l'action.

Fait important, le ministère de la culture exécutait les choix gouvernementaux et accordait volontiers la priorité à des intérêts protocolaires et de prestige. L'évolution actuelle et l'habilitation citoyenne rejettent les choix unilatéraux. L'Etat doit être au service de la libre initiative du citoyen. D'autre part, la culture dépasse les prérogatives du ministère qui lui est consacré et de ses services. Elle concerne l'ensemble de la vie publique. La culture est, en effet, "le prisme à travers lequel l'homme perçoit la réalité, qu'il utilise pour s'adapter à cette réalité et pour la contrôler" (Guy Rocher,  Introduction à la sociologie générale,  Montréal: Éditions Hurtubise, 1992). Formule plus synthétique de Durkheim, la culture détermine "les manières de pensée, de sentir et d'agir". De ce fait, " la culture est une programmation mentale collective" (définition de Geert Hofstede).

L'avènement du nouveau régime  tunisien est le produit d'une révolution culturelle.  La culture qui constitue un facteur de promotion de la société et un  front de résistance aux dérives, devrait constituer le paradigme structurant de toute l'activité gouvernementale et des priorités de la société civile. Prenons la juste mesure de la donne spécifique tunisienne.
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