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  • 15/04/2016 à 10:30

L'idéaltype de Bourguiba …!

L'idéaltype de Bourguiba …!

Pr. Khalifa Chater

La Tunisie nouvelle a remis le leader Habib Bourguiba, sur son piédestal. Les médias ont consacré de nombreuses émissions au grand leader, lors de la commémoration de sa mort, le 6 avril. Exception à la règle, des voix isolées ont tenté, d'exprimer les dérives de l'historiographie dissidente. Mais l'hommage à Bourguiba a été l'objet d'un consensus, de l'opinion publique, de la classe politique et de la jeunesse.

Certains expliquent le retour de Bourguiba par une quête  du père. Je dirai plutôt d'une volonté d'affirmer son leadership.  L'application de son programme et sa gestion des affaires  attestent la cohérence de sa pensée et de son action. Elles relèvent désormais de la culture du collectif.  Constat d'évidence, la donne bourguibienne a établi l'égalité du genre, la tolérance et l'ouverture. Elle a officiellement mis fin à la discrimination contre les femmes. Elle inscrit le pays dans le temps du monde, En dépit des aléas de la vie politique,  Bourguiba nous a laissé les lumières en héritage. Cette grille de valeurs constitue l'idéaltype bourguibien, que les Tunisiens ont rappelé, lors de sa contestation conjoncturelle, par des velléités d'écrire une histoire mythique, simpliste et nostalgique. "Le monde d'hier, pour aujourd'hui". La Tunisie a échappé à  la catastrophe annoncée.

Il appartiendra aux historiens, de reconstituer l'ère bourguibienne - "un âge d'or", par l'innovation, la réforme, l'anticipation des mutations sociales et les défis de l'environnement arabe qui était sans souci de progrès et sans ambition moderniste. Les historiens étudieront l'itinéraire bourguibien : l'épopée de libération, la conjoncture des réalisations, le suivi économique et social de son action  et la prise du relais de l'équipe du grand Hédi Nouira, par des ministères bien en deçà de son avant-gardisme. Le coup d'Etat de 1987 devait précipiter la crise et inaugurer la gestion populiste et démagogique. Or, ‘‘le triomphe des démagogues est provisoire mais les ruines sont éternelles’’ (Charles Peguy, 1873 - 1914). La révolution tunisienne, corrigée par le dialogue national, mis à l'ordre du jour par les sit in populaires du Bardo, devait intégrer la démocratisation, à l'idéaltype bourguibien. Cette réaction populaire  renvoie, dans une large mesure, à la nostalgie du temps bourguibien, où nous avions, une forme de prise sur les événements.

 Mais la politique n'est pas une "caisse de résonnance" de l'histoire. On ne peut reconstituer le monde d'avant. Le bourguibisme, ne s'accommode pas uniquement de la sauvegarde des acquis.  En tant que vision d'avenir, il fait valoir l'éveil, la prise en compte des nouveaux enjeux, l'ouverture de l'horizon, par une gestion gouvernemental d'anticipation. Soyons à l'écoute de cette volonté de progrès. 
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