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  • 23/10/2014 à 16:52

La baisse du cours de pétrole: une nouvelle géostratégie … !

La baisse du cours de pétrole: une nouvelle géostratégie … !
Par Khalifa Chater
Le prix du pétrole a baissé de près de 30% depuis l'été. Le baril (169 litres) de Brent valait 115 dollars, à Londres, mi-juin.
Il est tombé sous les 100 dollars (90,90), début septembre et sous les 90 dollars, le 9 octobre, son plus bas niveau, depuis juin 2012. Rappelons que le cours du Brent est le prix de référence mondial pour le pétrole brut du bassin atlantique. Ces repères attestent cette dégringolade. Or, un renversement de tendance semble exclu par les observateurs avertis.

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Source : " Le prix du pétrole a baissé de près de 30% depuis l'été", Le Figaro, 19 octobre 2014)

Par quoi expliquer cette baisse ? La situation semble paradoxale, puisque quatre producteurs de pétrole (la Libye, l'Irak, le Nigéria et la Syrie) connaissent des troubles, alors que l'Iran subit des sanctions. Une telle situation aurait plutôt suscité une hausse du prix de pétrole. Il faut donc rechercher la cause ailleurs.

La baisse des prix serait le résultat du ralentissement économique en Europe en Chine, et du développement de la production américaine en gaz de schiste, alors que l'Arabie refuse de réduire sa production, privilégiant la sauvegarde de sa part de marché contre la concurrence des pays de l'OPEP, à la défense des prix  (Thomas L. Friedman. "A Pump War?", New York Times, 14 octobre 2014). Philippe Chalmin, explique plutôt la baisse des prix par  «une volonté marquée de l'axe Riyad-Washington de maintenir les prix bas pour gêner les autres producteurs, l'Iran et la Russie» (Le Figaro, 19 octobre 2014). D'ailleurs, les Russes ne sont pas dupes. La Pravda affirma, dès le 3 avril 2014, que le Président Obama veut détruire l'économe russe et rappela le précédent de 1985. La tendance semble se poursuivre puisque l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA) vient d'annoncer que les stocks de pétrole brut aux Etats-Unis ont bondi de 8,9 millions de barils la semaine passée, après avoir grimpé de cinq millions de barils la semaine précédente. D'autre part, l'Agence internationale de l'énergie a encore abaissé, la semaine dernière,  ses prévisions de consommation pour la Chine (deuxième consommateur mondial, encore loin des États-Unis et l'Union européenne). Ce ralentissement de la consommation, symptôme direct de l'essoufflement de la croissance, inquiète les économistes. Jeffrey Curie, qui dirige la recherche sur les matières premières au sein de la banque Goldman Sachs à New York, estime, quant à lui que "la surabondance de l'offre (par rapport à la demande) n'est pas encore là; mais elle existe dans les anticipations des investisseurs qui misent sur une conjoncture mondiale molle et une consommation pétrolière en berne". Les pronostics restent cependant hasardeux : Alors que Goldman Sachs, fin connaisseur s'attend à une poursuite de la baisse jusqu'à la mi-2015, les analystes de Bank of America et BNP Paribas estiment que le cours a atteint un plancher et ne devrait guère plonger davantage.

Le paradigme pétrolier a, dans une large mesure,  régi les relations internationales et fait valoir les relations de domination. Il  explique volontiers les grandes interventions sur la scène moyen-orientale : chute de Mossadegh,  guerre d'Irak, interventions en  Libye.  Le pétrole a incarné la conflictualité internationale. Est-ce que cette baisse de la demande de pétrole du Moyen-Orient est susceptible de modifier l'argumentaire des centres d'intérêts, alors que le développement du gaz de schiste  relativise le pétrole.  Mais l'équation baisse du cours international/augmentation du prix de la consommation interne, continue à régir la gouvernance des pays du "printemps arabe".
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