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  • 28/11/2017 à 13:36

La crise de notre foot est une sonnette d’alarme sociétale

La crise de notre foot est une sonnette d’alarme sociétale

Par Mansour M’henni 


Cela fait un certain temps que, chez nous, le sport paraît malade, de plus en plus malade, surtout dans le secteur qui lui donne le plus de visibilité et le plus d’impact, en l’occurrence le football, largement favorisé à tous points de vue par rapport à d’autres sports pourtant plus compétitifs sur le plan international. A chaque fois, on trouvait des calmants provisoires et on se détournait des vrais problèmes, vaquant à ce qu’on considérait comme d’ordre prioritaire.

Si la priorité est à l’économie, force est de conclure que le sport est devenu un maillon important de la chaîne financière, un vrai commerce s’y déploie, des plus petits marchés au coin de la rue aux affaires les plus juteuses, entre divans et lits fourrés, dégageant souvent une odeur nauséabonde de corruption pourrie.

De ce fait, si la priorité est à l’éthique, (mais qui s’en soucie vraiment ? Même si tout le monde en parle !), on voit bien que celle-ci est à tel point bafouée qu’on en finit par se demander si l’humanité, chez nous comme ailleurs, est en train de gagner en qualité, au gré du temps qui avance, ou si elle est en train de dégringoler vers une sauvage animalité !

Si au contraire la priorité est à la politique, il n’est pas difficile de constater que cette dernière n’hésite pas à fourrer non seulement son nez, mais ses doigts, ses mains et au besoin ses armes de toutes sortes, pour exploiter ce secteur social supposé être de valeurs morales supérieures, comme l’olympisme et l’esprit sportif avec leurs variantes, au profit de leurs petites combines et de leurs grands complots ourdis en complicité avec certains affairistes sans vergogne, financiers et médiatiques. Cela sent le machiavélisme à outrance, mais d’une lecture de Machiavel bien plus machiavélique que Machiavel lui-même !

On en déduit alors le modèle de société qui se construit au croisement de ces forces, dans l’ouragan des fléaux sociaux qu’elles génèrent, en matière d’obstruction des horizons d’affirmation de soi : chômage, oisiveté, corruption, chauvinisme, obscurantisme, etc.  

Il a fallu un événement sportif, dimanche dernier, 26 novembre 2017 à Sousse, un « classico » de football entre l’Etoile Sportive du Sahel et l’Espérance Sportive de Tunis, pour sonner de nouveau la sonnette d’alarme et mettre tout le monde face à la grande question : Où allons-nous ? Chacun y est allé de sa petite opinion ou sa grande décision de l’instant, donc à chaud et loin de toute raison raisonnable, mais est-ce là la vraie solution ?

Il est temps, me semble-t-il, de cesser d’occulter les vrais problèmes, en animant des spectacles de circonstance, pour dormir après sur les confortables lauriers du train-train quotidien. Nous vivons bien une crise citoyenne et une vraie dégradation des valeurs fondamentales. Qu’on me permette ici de me citer, en référence à une autre chronique : « Bien avant la crise économique même qui constitue la principale épée de Damoclès pesant sur nos têtes, il y a d’abord une crise de valeurs pourrissant nos cœurs et contaminant nos méninges. Tout en dépendrait et c’est par là qu’il conviendrait de commencer toute opération de redressement. Les pouvoirs et les autorités, de différentes natures, y compris les partis politiques bien trop gonflés sur leurs tapis volants, ont sans doute leur part de responsabilité dans cet état de faillite sociétale ; mais tout un chacun d’entre les citoyens a sa responsabilité aussi, une responsabilité éthique et un devoir de citoyenneté qui est le garant de tous les autres devoirs ».

Nous avons donc besoin d’une halte sereine et d’un débat démocratique dans l’esprit conversationnel. Nous avons surtout une immense responsabilité que nous devons assumer ensemble ! Sinon, nul ne saura plus de quelle couleur sera notre avenir et celui des générations futures. 

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