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  • 16/07/2014 à 08:19

La France entre les déclarations hâtives et la diplomatie sereine

La France entre les déclarations hâtives et la diplomatie sereine

par Mansour M’henni


Il faut croire que la première déclaration du président français, François Hollande, à propos de la violence israélienne sévissant à Gaza, est à mettre sur le compte d’une précipitation qui peut paraître absurde, mais qui, au fond, aurait été motivée par une pression israélienne à laquelle F. Hollande aurait cédé.

Certains observateurs qui compatissent avec les victimes palestiniennes trouvent là l’occasion de rappeler que le Parti Socialiste français a toujours eu des positions de soutien à Israël, même si par moments, il a dû les nuancer en fonction du contexte international. Je ne prendrai pas la peine de vérifier si l’affirmation est historiquement vérifiable, surtout que je me méfie des généralisations rapides, mais je n’en pense pas moins que l’attitude du président français n’est ni dans la juste rationalité d’une diplomatie sereine en général, ni dans la tradition prévenante de la diplomatie française particulièrement. Franchement, au premier abord, j’ai pensé un peu à notre diplomatie telle que coulée dans le moule marzoukien ! C’est dire que personne n’est à l’abri de maladresses ; l’essentiel est de savoir s’en excuser et les réparer.


Mais j’avoue avoir pensé à quelqu’un d’autre, dans une situation similaire. Je ne sais non plus si l’anecdote est authentique, celle que je vais rappeler et qui se rapporte au Général De Gaule, mais elle lui ressemble tellement qu’on ne peut la prendre que pour telle. On est en 1967, avec le déclenchement de la guerre israélo-arabe en juin. Un journaliste se serait précipité vers le Général pour lui demander ce qu’en pensait la France. Et le Grand homme, un homme grand par ailleurs, de répondre d’une voix neutre et caverneuse : « La France a trop pensé ! La France ne pense plus.»


Loin de De Gaulle, alors, un quelconque dénigrement de l’intelligence française. Riche de sa culture personnelle et des acquis historiques de son pays, fort de son expérience et du poids qu’il représente, le Général a temporisé l’opinion de la France pour ne pas l’entrainer dans les aléas d’un événement majeur dont les tenants et les aboutissants n’étaient pas facilement et rapidement maîtrisables. C’est peut-être cette sagesse-là qui nous fait défaut aujourd’hui, qui manque à la perspicacité de nos présidents, comme ce fut le cas pour Français Hollande. Dois-je rappeler, ici, la sagesse et le courage diplomatiques de la France à l’ONU, au début des années 90, quand elle s’était démarquée de la position générale en Occident, s’appliquant plutôt à trouver une solution pacifique?


Bref, la déclaration de soutien à Israël par François Hollande a fait l’effet qu’on connaît et le président français a désormais largement nuancé sa position, la conformant plutôt à la ligne diplomatique de la France qui essaie souvent de résoudre l’équation quasi-impossible de l’humanitaire et du géostratégique. Une grande leçon est à tirer sans doute de la maladresse hollandienne ; mais elle ne sera peut-être pas la même pour tout le monde. C’est pourquoi il faut oser croire que l’humanité n’est pas pour aujourd’hui.

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