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  • 04/05/2016 à 12:43

La "normalité" chinoise

La

Pr. Khalifa Chater

La Chine est entrée dans une nouvelle ère de « normalité » économique. C'est ainsi qu'explique Wei Yao, spécialiste de la Chine, les profondes mutations qui caractérisent actuellement ce poids lourd de l'économie mondiale.  La définition de ce prévisionniste, largement admise, semble définir la nouvelle phase de l'évolution de la Chine.

On distingue, en effet, trois phases, depuis 1949 : La première phase jusqu'en 1979, fur celle de Mao Tsé Tong, le fondateur du régime. Il avait adopté et adapté le marxisme-léninisme, venu d'Europe. A la place des prolétaires, les paysans. La deuxième phase commence, après la mort de Mao, Deng Xiaoping  adopta, dans le pays formellement communiste, le capitalisme et l'économie de marché. Le Parti communiste gardait le contrôle du champ politique mais il laissait le champ libre aux acteurs économiques. Ce furent les années fastes, les "trente glorieuses" chinoises. Une classe moyenne émergea et se développa. Des fortunes se constituèrent en marge des classes moyennes.

 La troisième phase, de "la normalité de l'économie", débute de en 2009. "Le productivisme fondé sur les exportations dévoreuses des énergies et nourrissant les inégalités a montré ses limites" (François Bougon, " le caméléon chinois saura-t-il se teinter de démocratie ?", Le Monde,  12 avril 2016)". La Chine est en train de mettre en œuvre des réformes structurelles du côté de l'offre, avec un accent mis sur la réduction de la surcapacité, le déstockage, le désendettement, la réduction des coûts et la consolidation des zones de faible croissance. «L'aggravation de la surcapacité ne devrait pas être un problème, si les investissements sont dirigés vers les secteurs en sous-capacité», a déclaré Justin Yifu Lin, ancien économiste en chef à la Banque mondiale. La transition actuelle de la Chine vers une « nouvelle normalité » - avec une croissance moins rapide mais de meilleure qualité - présente de nouvelles opportunités pour les investissements, internes et externes ("La nouvelle normalité offre des opportunités de croissance", french.china.org.cn, 24. 03. 2016). Dans ce cadre, la Banque populaire de Chine (la banque centrale) vient de créer un système d'assurance 

dépôt et se tient maintenant prête à libéraliser complètement les intérêts sur les dépôts, durant l'année. La réforme sur les comptes de capitaux s'accélère également. Les quotas pour les programmes permettant aux investisseurs institutionnels étrangers d'être admissibles sur le marché chinois des actions (« QFII » et « RQFII ») ont été de nouveau rehaussés"(La nouvelle « normalité » de l'économie chinoise", in http://www.societegenerale.com).

Plutôt que d'entretenir une croissance rapide au prix d'une détérioration de l'efficacité, le pouvoir chinois a préféré mener des réformes de fond et composer avec un certain ralentissement économique à court terme. Ce "rééquilibrage de l'économie vers la consommation aurait déjà porté ses fruits et permis  une hausse constante des salaires et une meilleure distribution des revenus" (Ibid.). Signe de mutation radicale annoncée et première historique,  depuis  l'avènement au pouvoir du parti communiste, la Chine veut autoriser les paysans à apporter  les terres qu'ils exploitent en garantie de prêts bancaires. La réforme au stade de projet pilote ne concerne actuellement que quelques régions. Or, selon l'idéologie chinoise, la terre appartient à l'Etat".

Nous remarquons, dans ce domaine, le développement du commerce, par le  wifi. Son site Ali Baba, créé en 2008, jadis appelé Taobao Mall, est désormais la première plateforme de vente et d'échange, dans le monde. Son  marché cible est avant tout celui des business-to-consumer (entreprise à consommateur) ou B2C, pour ce qui est de la vente au détail en ligne.

La transition chinoise induit ainsi un changement de production et de consommation, et bien entendu un changement de paysage. " Un vieux modèle se meurt. Un nouveau tarde à apparaitre, que fera M. Xi ? Persistera-t-il dans la voie  autoritaire  maoïste ou   saura-t-il adopter et adapter la démocratie" s'interroge François Bougon (Le Monde,  12 avril 2016).

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