• Actualité
  • Chronique
  • 15/05/2015 à 12:47

La réunion de Camp David

La réunion de Camp David

Pr. Khalifa Chater

Une réunion des délégations des Etats membres du Conseil de coopération du Golfe, avec le Président Obama s'est tenue le 14 mai 2015, dans la retraite de Camp David, dans le Maryland.

Elle avait pour objectif de traiter la question de la sécurité des pays du Golfe et leur mise à l'épreuve, par l'annonce d'un rapprochement entre Washington et Téhéran. Des tensions sont apparues, en effet, entre Washington et ses partenaires dans la région autour de la question du nucléaire iranien, de la Syrie ou encore du printemps arabe. En fait, les pays du Golfe dénonçaient "le développement de l'influence de l'Iran, dans l'aire arabe et ses interventions qui ne se limitaient guère au Yémen mais concernaient les frontières des entités arabes elles-mêmes". Ils ne partageaient pas l'opinion du Président Obama qui estimaient que le renforcement de l'économie iranienne servait les forces modérées, en Iran (Nabil Amr, " plus de franchise avec Washington", in Charq awsat, 14 mai 2015).  Prenant acte des inquiétudes des pays du golfe, le Président Barack Obama a réuni leurs représentants, pour les rassurer et affirmer sa volonté de réactualiser le partenaire stratégique, ave eux. La réunion     de Camp David pouvait-elle faire face aux défis de la région, assurer la sécurité du Golfe, en adoptant une nouvelle formule de relations d'avenir entre les Etats du Golfe et leur allié américain ?

Au cours de la réunion, les délégués des pays du Golfe ont exprimé leurs craintes et demandé des garantis écrites du pouvoir américain.  Les pétromonarchies s'inquiètent en particulier d'un possible levé des sanctions pesant contre l'Iran, dans le cadre d'un accord sur le programme nucléaire. Ce changement de position à l'égard de Téhéran pourrait faciliter, selon eux, des tentatives de déstabilisation de la région. Barack Obama a consacré la première partie de la réunion à informer les délégations du Golfe de l'avancée des négociations avec Téhéran, assurant qu'il cherchait à obtenir une "transaction" sur le nucléaire iranien et non "un rapprochement plus large" avec l'Iran, a indiqué Ben Rhodes, conseiller à la sécurité nationale du président. Les responsables de la Maison blanche ont toutefois prévenu qu'il ne fallait pas s'attendre à la signature d'un accord formel de défense entre les deux parties, comme le souhaitaient certains dirigeants du Golfe.

Par ailleurs, Barack Obama a promis à ses alliés du Golfe arabo-persique l'aide des Etats-Unis contre toute "attaque extérieure". "Les Etats-Unis soutiendront leurs partenaires du CCG contre toute attaque extérieure et approfondiront et étendront leurs liens de coopération", a déclaré le président américain. Washington, a insisté Barack Obama, envisagerait l'usage de la force militaire, en cas de menace contre les Etats du Golfe. D'autre part, le Président Obama a déclaré que les Etats-Unis œuvreraient avec le Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Koweït, Qatar, Bahreïn, Emirats arabes unis et Oman) pour contrer les "activités déstabilisatrices" de la République islamique au Moyen-Orient. Dans une déclaration commune publiée, à l'issue de la réunion, Washington et le CCG estiment dans le même temps qu'un accord global et vérifiable sur les activités nucléaires de l'Iran irait dans le sens de leurs intérêts en matière de sécurité.

 Les USA ont-ils la volonté d'arrêter le jeu iranien, au Yémen et en Syrie ? Cette donne constituait, selon les pays du Golfe, la vraie mise à l'épreuve du sommet de Camp David (Khattar Aboudhiab, " le sommet Amérique/golfe, à l'épreuve de l (hypothèse d'Obama, In al-Arabe, 9 mai 2015). Alors que les Etats du Golfe se sentent menacé par Téhéran, Washington estime qu'elle met en péril, leurs intérêts et non leurs entités. Fait d'évidence, Washington et les Etats du Golfe ne partagent guère le même diagnostic.  Peut-on parler d'un "approfondissement du partenariat stratégique" entre les USA et ses alliés du Golfe ? Disons plutôt, que Washington tient à consolider ces relations dominantes - certains diraient hégémoniques - d'antan, dans le contexte d'un rééquilibrage de ses rapports au Moyen-Orient, intégrant progressivement Téhéran, qu'elle cesse de diaboliser. 

Partager sur
Retour
Les Dernières Vidéos
Les Dernières Actualités