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  • 17/05/2016 à 10:53

La Russie et les USA, à l'épreuve de la question syrienne

La Russie et les USA, à l'épreuve  de la question syrienne

Pr. Khalifa Chater  


La stratégie du chao, qui a pris le relai du "Grand Moyen-Orient", a affecté l'ensemble de l'aire arabe, avec des effets différentiels. Remise en cause des Etats-nations et des frontières, qui rassurent, en sauvegardant l'équilibrage des rapports en cause.

Il est aussi dangereux de vouloir supprimer les frontières, que d'en changer le tracé. Particulièrement en Syrie, l'histoire est tragique. Saisissant l'opportunité de la contestation du régime Assad, Daech a franchi la frontière irakienne et s'est implanté en Syrie, conforté par les relais d'al-Kaïda.  Faisant valoir un monde arabo-musulman, dénué de  continuité, ils "violent l'histoire". Dés sa déclaration,  la guerre de Syrie a pris une dimension régionale, vu le soutien que les pays du Golfe et la Turquie ont assuré à toutes les composantes de la rébellion. Répondant à cette alliance de fait, l'Iran et Hizb-Allah se sont rangés dans le camp adverse. Au-delà de cet alignement les USA et la Russie sont entés dans le tragique jeu.

A l'épreuve  de la question syrienne les USA et la Syrie ont redéfini leurs statuts au Moyen-Orient. "Poutine joue au Poker, Obama aux échecs" affirme Christophe Ayad (chronique internationale, Le Monde, 30 octobre 2016). "Gendarme du monde", Obama a remis en cause cette affirmation. Son alliance de principe contre Assad s'est accommodée d'une certaine réserve: Qu'il suffise de rappeler son refus de fournir des armes anti-aériennes à la résistance. Son jeu diplomatique peu spectaculaire, s'est ainsi défini : intervenir le moins possible, faire évoluer les rapports de forces et travailler sur le long terme au Moyen-Orient. Dans ce cadre, l'exploitation du pétrole de schiste  a réduit la dépendance énergétique américaine de l'Arabie Saoudite et  l'accord nucléaire avec l'Iran, annonce un élargissement des alliances. Mais sa stratégie, engagée par son "jeu d'échecs" est affaiblie par la fin de son mandat. Mais il serait exagéré de parler de perte de leadership américain au Moyen-Orient.

L'entré de la Russie sur la scène syrienne, depuis le 3O septembre a changé la donne.  L'armée russe y aurait mené plus de 10 000 sorties aériennes et frappé plus de 30 000 cibles « terroristes ». Les bombardiers stratégiques, sous-marins et navires de guerre russes auraient tiré 115 tirs de missiles de croisière (déclaration du Président Poutine, 10 mai 2016) « Avec l'aide de l'aviation russe, les forces syriennes ont libéré des terroristes plus de 500 localités, ajoute-il ». Résultats incontestables, la prise de Palmyre et la domination d'Alep. Mais les résultats restent incertains. On parla même de la paxa russica, en Syrie (Philippe Gélie, éditorial Le Monde, "Poutine chef d'orchestre", Le Figaro, 9 mai 2016). Mais ne serait-il pas exagéré  d'affirmer  que "la communauté internationale marche à la baquette de Vladimir Poutine, de sa stratégie militaire, de son jeu diplomatique et de ses plans de communication (Ibid.). Les deux chefs d'Etat, Obama et Poutine adoptent leurs stratégies différentielles, en vue de consolider leurs positions sur ce terrain, objet d'un rééquilibrage évident. Ils soutiennent et/ou mobilisent leurs alliés, dans ce duel géopolitique international. Ne faudrait-il pas qu'ils s'entendent pour imposer une paix de braves, mettant fin à cette grave tragédie  ? 

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