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- 18/12/2024 à 09:21
La Source de Meryam Joobeur ranime la conscience de la Cité Culture
Par Mansour M’henni
Ce fut un moment de charme, d’émotion et d’interrogation, celui de la soirée du lundi 16 décembre 2024 au théâtre de la Cité de la Culture, avec la projection du film de Meryam Joobeur, La Source (Mé el Aïn).
Le théâtre était pratiquement tout plein d’un public majeur composé de plusieurs générations, un public qui a finalement quitté la salle avec des sentiments variés et des lectures diverses, mais avec la conviction, la fierté aussi, d’avoir vu cette œuvre très réussie d’une jeune tunisienne inaliénablement attachée à son pays, et intelligemment hospitalière à l’altérité et à l’amitié des différences.
Il y a sans doute de cela dans le titre du film, lui-même de signifiance plurielle : La Source, qui renvoie l’échos heureux de l’origine, de la pureté, de la fraîcheur, de la spontanéité, de la naissance, etc. La conversation avec l’équipe du film, entourant la réalisatrice dans une ambiance de vraie famille, a souligné les différents aspects ayant retenu l’attention des intervenants, restés nombreux après la fin de la projection malgré la froide nuit avancée ; elle a démontré l’impact fort, prenant et profond que ces centres d’intérêt ont eu sur un public varié mais bien uni dans la sensibilité et dans l’intelligence cinématographiques, qui font de la Cité de la Culture une microstructure de la Cité Cinéma qu’est la Tunisie, comme elle en a donné la preuve depuis son indépendance. Ignorer cet aspect de la Tunisie, c’est la méconnaître et c’est finalement la perdre.
Il n’échappe pas aux informés que La Source est un long métrage né d’un court métrage de 2018, Brotherhood ou Ikhwène, ayant cueilli plusieurs fleurs et récompenses. Le synopsis est simple : « Mohamed, un berger endurci vivant en Tunisie rurale avec sa femme et ses deux fils est profondément ébranlé par le retour de Syrie de son fils aîné Malik.
Accompagné d’une mystérieuse nouvelle épouse, Malik fait face au regard désapprobateur de son père. La tension entre le père et le fils s’intensifie en quelques jours jusqu’à atteindre un point de rupture. » Mais à l’annonce du projet du long métrage, la question était de voir de quel génie la jeune réalisatrice allait parer son projet et réussir la gageure de la maturité artistique, engagée sur la voie de l’excellence.
Après la projection, les avis étaient unanimes qu’elle a gagné le pari. On n’en voudrait pour preuve que cette opinion discrètement chuchotée à Meryan, avant le départ, par Férid Boughdir : « Je ne m’attendais vraiment pas de toi à un tel merveilleux produit ! ». Il était évident que, de par sa responsabilité de directeur des JCC, il n’avait pas voulu intervenir publiquement ; mais par honnêteté, l’artiste qu’il était ne pouvait priver la jeune réalisatrice d’un compliment aussi encourageant.
Oui, la Tunisie est bien une Cité Cinéma. Il n’est pas à l’ordre du présent propos d’analyser longuement et profondément ce film à un moment où la compétition est en cours, mais nous aurons peut-être l’occasion d’y revenir.
Cependant, on ne peut rester insensible à cette merveilleuse combinaison des techniques de l’image et du discours qui font certes ce que Nerval appelle « l’épanchement du songe dans la vie réelle », mais qui combinent cela avec la démarche inverse de l’incursion de la vie réelle dans les dédales du songe, de l’imaginaire fantastique qui va jusqu’à l’horreur, comme pour souligner que ces deux univers ne sont pas aussi distincts qu’on veuille le croire et qu’au centre de cet entremêlement, il y a l’être humain, responsable, et peut-être seul responsable, de tous les dérapages extrêmes de son humanité.
Avec quelle beauté et quelle harmonie ce duel, irascible sous un hypocrite silence, a été rendu dans un langage cinématographique bien maîtrisé pour ne pas paraître commander et maitriser l’intelligence du spectateur, mais plutôt le livrer à son auto interrogation, à son esprit introspectif et à sa conversation intérieure pour essayer de mieux voir et de mieux marcher dans les sombres couloirs de la pénible conduite d’une vie.
Quelle satisfaction d’écouter de nombreux spectateurs dire à la sortie, c’est un film à revoir plus d’une fois pour mieux percer ses secrets !
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Il y a sans doute de cela dans le titre du film, lui-même de signifiance plurielle : La Source, qui renvoie l’échos heureux de l’origine, de la pureté, de la fraîcheur, de la spontanéité, de la naissance, etc. La conversation avec l’équipe du film, entourant la réalisatrice dans une ambiance de vraie famille, a souligné les différents aspects ayant retenu l’attention des intervenants, restés nombreux après la fin de la projection malgré la froide nuit avancée ; elle a démontré l’impact fort, prenant et profond que ces centres d’intérêt ont eu sur un public varié mais bien uni dans la sensibilité et dans l’intelligence cinématographiques, qui font de la Cité de la Culture une microstructure de la Cité Cinéma qu’est la Tunisie, comme elle en a donné la preuve depuis son indépendance. Ignorer cet aspect de la Tunisie, c’est la méconnaître et c’est finalement la perdre.
Il n’échappe pas aux informés que La Source est un long métrage né d’un court métrage de 2018, Brotherhood ou Ikhwène, ayant cueilli plusieurs fleurs et récompenses. Le synopsis est simple : « Mohamed, un berger endurci vivant en Tunisie rurale avec sa femme et ses deux fils est profondément ébranlé par le retour de Syrie de son fils aîné Malik.
Accompagné d’une mystérieuse nouvelle épouse, Malik fait face au regard désapprobateur de son père. La tension entre le père et le fils s’intensifie en quelques jours jusqu’à atteindre un point de rupture. » Mais à l’annonce du projet du long métrage, la question était de voir de quel génie la jeune réalisatrice allait parer son projet et réussir la gageure de la maturité artistique, engagée sur la voie de l’excellence.
Après la projection, les avis étaient unanimes qu’elle a gagné le pari. On n’en voudrait pour preuve que cette opinion discrètement chuchotée à Meryan, avant le départ, par Férid Boughdir : « Je ne m’attendais vraiment pas de toi à un tel merveilleux produit ! ». Il était évident que, de par sa responsabilité de directeur des JCC, il n’avait pas voulu intervenir publiquement ; mais par honnêteté, l’artiste qu’il était ne pouvait priver la jeune réalisatrice d’un compliment aussi encourageant.
Oui, la Tunisie est bien une Cité Cinéma. Il n’est pas à l’ordre du présent propos d’analyser longuement et profondément ce film à un moment où la compétition est en cours, mais nous aurons peut-être l’occasion d’y revenir.
Cependant, on ne peut rester insensible à cette merveilleuse combinaison des techniques de l’image et du discours qui font certes ce que Nerval appelle « l’épanchement du songe dans la vie réelle », mais qui combinent cela avec la démarche inverse de l’incursion de la vie réelle dans les dédales du songe, de l’imaginaire fantastique qui va jusqu’à l’horreur, comme pour souligner que ces deux univers ne sont pas aussi distincts qu’on veuille le croire et qu’au centre de cet entremêlement, il y a l’être humain, responsable, et peut-être seul responsable, de tous les dérapages extrêmes de son humanité.
Avec quelle beauté et quelle harmonie ce duel, irascible sous un hypocrite silence, a été rendu dans un langage cinématographique bien maîtrisé pour ne pas paraître commander et maitriser l’intelligence du spectateur, mais plutôt le livrer à son auto interrogation, à son esprit introspectif et à sa conversation intérieure pour essayer de mieux voir et de mieux marcher dans les sombres couloirs de la pénible conduite d’une vie.
Quelle satisfaction d’écouter de nombreux spectateurs dire à la sortie, c’est un film à revoir plus d’une fois pour mieux percer ses secrets !
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