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  • 13/01/2018 à 15:20

L’avenir d’une société est lié à la place qu’il donne au livre

L’avenir d’une société est lié à la place qu’il donne au livre

Par Mansour M’henni 

J’ai eu l’occasion de participer à une série de rencontres culturelles et d’intervenir dans deux d’entre elles à propos de la question du livre. 

Les dernières d’entre elles sont : d’abord le 4° Congrès des éditeurs arabes (9-10 janvier 2018) où non moins de 8 axes ayant trait à la production, à la diffusion et à la consommation du livre ont été amplement débattus à partir des communications d’intellectuels, chercheurs et professionnels du livre, venus de tous les pays arabes et d’autres pays non arabes ; ensuite, dans la continuité, le colloque des ministres de la culture dans les pays arabes ou leurs représentants (1 janvier 2018), traitant du « rôle du livre et de l’édition dans le développement de la réalité de la culture arabe ».

Force est de reconnaître d’abord la réussite de ces deux rencontres tant du point de vue de l’organisation que de la qualité des idées et des propositions débattues, résumées à la fin dans une série de recommandations à adresser aussi aux responsables des différents gouvernements arabes pour les inviter à en tenir compte dans leurs politiques culturelles respectives. A ce propos au moins, une mention spéciale est donc due à l’Union des Editeurs arabes, surtout l’Union des éditeurs tunisiens et son président Mohamed Salah Maalej, ainsi qu’au ministère tunisien des Affaires culturelles et ses différentes structures, particulièrement la Direction générale du Livre et son directeur général, M. Nizar Ben Saad.

Il importe sans doute de souligner également le suivi rigoureux des travaux par le ministre tunisien des Affaires Culturelles, Pr. Mohamed Zinelabidine, et notamment sa modération des travaux de la journée du 11 janvier avec un sens remarqué de la sérénité et de l’écoute. Cela a permis une clôture de la double manifestation dans un esprit de construction collective et d’implication partagée, pouvant constituer un moment nodal dans la mise à niveau de la politique du livre dans les pays arabes.

Je me permettrais ici d’évoquer certaines recommandations en leur associant de petites remarques :

1 – Nul esprit sensé ne pourrait aujourd’hui nier le décalage inquiétant entre l’intérêt mineur dont bénéficie la lecture dans le monde arabe en comparaison avec ce qu’elle est dans les pays développés. Aussi dirions-nous à quelques rares sceptiques que ce n’est pas en cherchant à nier un tel constat qu’on en sortirait au plus vite. Au contraire, c’est en en raisonnant les effets et les causes qu’on pourrait concevoir les meilleures issues et les stratégies les plus pertinentes.

2 – Il a été recommandé de réfléchir à la création d’un observatoire arabe du livre : l’idée est séduisante, mais sa réalisation pratique n’est pas de toute facilité pour des raisons sur lesquelles il serait trop long de s’attarder dans le présent propos. On a évoqué aussi l’idée d’un observatoire par pays, avec éventuellement une coordination dans un conseil panarabe pour cet objet. A ce propos, si l’on opte pour un Centre National du Livre dans chaque pays, les centres obtenus pourraient jouer le rôle d’observatoires aussi. Encore vaudrait-il mieux, pour l’efficience, fusionner un tel centre avec la Direction générale du livre et doter la nouvelle structure des moyens requis pour l’accomplissement de ses tâches. Cela faciliterait par ailleurs un travail de coordination fructueux plutôt qu’il ne favoriserait certaines frictions aux frontières tangentes des différentes structures.

3 – La diffusion du livre en tant que marchandise est indissociable de son impact éducatif, scientifique, intellectuel et plus largement culturel. Il importe donc que toutes les parties concernées ne soient pas dans la minimisation, chacune, de sa propre responsabilité pour insister sur celles des autres, notamment sur la partie gouvernementale. Celle-ci a bel et bien une lourde responsabilité ; mais les autres responsabilités ne sont plus d’une quelconque légèreté : la famille, l’école, les médias, la société civile, etc.

4 – Finalement, je dirais qu’il serait fâcheux, comme cela semble être le cas, d’établir une relation conflictuelle entre le livre en papier et sa version électronique, ou entre le livre et les médias audiovisuels, qui sont autant de formes modernes de la configuration livresque. Une complémentarité et une interaction intelligemment conduites serviraient les intérêts des différents supports et seraient d’un grand apport pour la culture dans la société.

Il est évident que la réflexion sur ces questions majeures ne saurait s’arrêter à ce modeste développement. Que des conversations soient donc initiées à ce propos et l’on y verrait plus clair dans la question pour faire mieux dans les réalisations ! 

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