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  • 14/08/2023 à 07:59

Le 13 août 1956 entre l’amer et l’amer

Le 13 août 1956 entre l’amer et l’amer
Par Mansour M’henni

Le titre donné à la présente chronique nécessiterait une précision préalable quant aux sens pouvant être associés au mot « amer ». D’emblée on a tendance à aller droit vers l’adjectif « amer » (« amère », au féminin), avec sa connotation de « fiel » et d’« amertume ».

Cette signification n’est pas à éluder, mais celle à ne pas perdre de vue, c’est d’abord celle qu’on retrouve poétiquement actualisée par Saint-John Perse dans un recueil homonyme d’une ingénieuse expressivité, et qui se définirait en ces termes : « Un amer est un édifice caractéristique qui a valeur de phare, fonctionnant comme un point de repère fixe, identifiable sans ambiguïté, et favorisant ainsi une bonne navigation maritime ».

Dans notre esprit, le 13 août 1956 porterait bien ce deuxième sens dans le langage de la navigation historique, à la fois pour les leçons qu’elle peut tirer du passé et pour l’intelligence dont elle peut s’enrichir dans la gouvernance du présent et de l’avenir. A ce propos, je reconduirais encore cette expression qui me tient lieu de slogan intellectuel, et dirais alors : « Le 13 août 1956 est une mémoire d’avenir ».

Qu’il me soit permis de préciser que je me sens toujours heureux de voir mon pays commémorer cette date après et malgré tout ce qui a été tenté, par des mouvements et des États réactionnaires et rétrogrades, pour l’occulter, contre toute la logique inaliénable du progrès et de l’évolution des sociétés humaines.

De fait, tout semble indiquer que jamais la Tunisie ne sombrera dans les couloirs sombres d’un passéisme mal raisonné et que, sur ce chapitre au moins, elle est plus à même d’informer prospectivement la conduite des destinées et de s’y engager, que de se laisser manipuler par des lobbies mêlant l’idéologie et le mercantilisme de la façon la moins appropriée à une noble humanité de l’être humain.

C’est ce que nous entendons par l’expression « entre l’amer et l’amer » car, de fiel est la tendance rétrograde et de lumière est la voie du progrès. N’empêche que la vigilance est nécessaire et appelée à se doter d’une rationalisation de la conduite du processus d’humanisation des rapports entre les genres.
De ce point de vue, il m’importe de redire que la notion de discrimination positive est mal à propos dans une vision ayant pour objectif de doter les deux genres d’un statut égalitaire en matière d’humanité et de citoyenneté, pour parce qu’elle me semble reconduire, à sa manière, la logique de la discrimination.

Ce qu’il conviendrait de toujours réclamer et revendiquer, c’est l’égalité entre les personnes et les genres dans tous leurs droits physiques et civils, juridiquement reconnus et appliqués.
Tout en Tunisie nous paraît pouvoir aboutir aujourd’hui à la concrétisation de l’ultime visée préconisée par la pensée réformiste tunisienne depuis des siècles, surtout les deux derniers, une visée partiellement mais fondamentalement engagée, par un coup de force historique entrepris par Bourguiba, attendant cependant l’ultime coup de force de sa finalisation, en hommage à toutes les « Lumières tunisiennes ».
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