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  • 26/06/2023 à 11:50

Le BAC de tous les bacs

Le BAC de tous les bacs

Par Mansour M’henni


La fin de chaque année scolaire et universitaire est toujours marquée par ce qu’il conviendrait d’appeler, fort justement, « l’Effet Bac ». Il y a d’abord une sorte de stress presque généralisé touchant aux cœurs et aux esprits, aux corps aussi de façon directe ou indirecte, un stress qui serait de l’ordre de l’évaluation générale.

En effet, ce serait de courte vue de penser que l’épreuve du BAC ne concerne que les candidats de la session de l’année en cours. C’est aussi un examen et une évaluation de tout le système en place, autrement dit de l’état d’une société, « hic et nunc », un présent d’articulation entre le passé et l’avenir, entre la tradition et le progrès, etc.

Il est vrai que la concentration affective et la focalisation interactive restent polarisées sur cet examen classique, trop classique peut-être, marquant la transition d’une adolescence peinant à se dégager de l’ultime enfance, à un âge adulte s’affairant à planter les racines de ses primeurs dans les signes de la jeunesse. Sans doute la société devrait-elle repenser cette transition dans le sens de la continuité car il y a lieu de craindre qu’on la perçoive davantage telle une rupture, comme semble l’indiquer la séparation institutionnelle entre l’école en tant que cadre d’éducation et l’université en tant que cadre d’enseignement. Peut-être aussi devrait-on réviser la logique du Bac comme un moment sélectif et distinctif entre ceux voués à la réussite et ceux à classer en-dessous de la moyenne mathématique retenue comme un critère de normalité.

Ainsi, repenser ces questions et les interrogations y afférentes constituerait la plateforme de base de ce dont on n’arrête pas de parler, avec force polémiques et parfois inconciliables divergences, concernant l’avenir de notre société. Pourtant, une société, pour se maintenir en équilibre sans rompre avec la notion modernité, se doit d’actualiser ses différences internes pour en construire un consensus contextuel, toujours provisoire parce que devant se réadapter aux conditions et aux ambitions du futur.

A y penser, me viennent à l’esprit les trois sens fondamentaux du mot « Bac », en français, étant entendu que celui faisant l’objet de cette chronique, le troisième, est familièrement apparenté aux deux autres et qu’il n’est qu’une abréviation de « Baccalauréat ». Mais qu’importe, puisque les jeux de langue permettent quelques rapprochements, instructifs peut-être.

Ainsi, dire « passer le bac » ou « échouer au bac », en pensant à l’examen scolaire, renvoie aussi à l’expression « passer le bac » employée à propos de ce grand bateau qui nous fait traverser « d'un bord à l'autre, un cours d'eau, un lac, un estuaire, etc. », avec tous les objets et les compagnons que nous voudrions déplacer avec nous. Ce qui serait alors à retenir de cette signification, ce serait l’idée d’un déplacement collectif, dans l’espace et/ou dans le temps, pour des conditions de vie plus profitables et plus convenables. Autrement dit, c’est une question de transition sociétale. N’est-il pas temps pour notre société tunisienne de repenser, collectivement, sa transition vers une société « plus profitable et plus convenable » ? Ne faudrait-il pas pour cela trouver ensemble le bac qu’il faudrait ?

Cela convenu, il ne serait plus très utile de s’attarder sur le premier des trois sens du mot « bac » évoqués ci-dessus, celui de « récipient » avec ses différentes connotations. Signalons juste qu’il serait de propos d’en actualiser au moins l’idée de « réservoir d’arrosage » et celle de « cuve de lavage ». A bien repenser l’ensemble et à articuler convenablement ses tenants et ses aboutissants, nous réussirions peut-être à retrouver la voie vers la sortie de crise et à envisager l’avenir avec plus d’espoir et de convivialité. Pourquoi pas en termes de lavage et d’arrosage ?

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