• Actualité
  • Chronique
  • 11/11/2024 à 11:15

Le Colloque Bourguiba à Sousse et le pari universaliste d’une pensée profonde

Le Colloque Bourguiba à Sousse et le pari universaliste d’une pensée profonde
Par Mansour M’henni
La seconde édition du colloque « Habib Bourguiba mémoire d'avenir » s'est bien déroulée les 9 et 10 novembre à Sousse en articulation avec le Septième festival des Francophonies de Sousse (du 8 au 10 novembre 2024).

Le propos de cette chronique ne relevant pas du genre du reportage, on se contentera de saluer le succès désormais attesté du festival et celui heureux de cette édition du colloque spécifiée par le sous-titre "Culture et Éducation", avec une richesse remarquable en idées à approfondir et en interrogations à creuser.

Autant dire qu’il y a tout ce qu'il faut pour attendre de cette manifestation des innovations édifiantes et une riche et pertinente intelligence des problématiques étudiées dans la perspective d’une édification de l’avenir.

L’une des idées amplement débattue lors de cette édition me paraît se présenter en deux facettes complémentaires, tel que cela a été développé par le Recteur de l’AUF, Pr. Slim Khalbous, en l’occurrence celle de la pensée bourguibienne ayant pour objet la francophonie et celle de la vision bourguibienne portant un projet humaniste dépassant le cadre de la (re)construction de la société tunisienne pour s’inscrire dans l’espace largement humain et dans l’accommodation pratique avec les contraintes contextuelles, mais sans rien y laisser de l’ensemble des valeurs fondatrices du projet envisagé.

Bourguiba a presque toujours été cité comme un contributeur de second ordre au projet de la francophonie, venant donc après L.S. Senghor dont il ne faudrait certes pas diminuer l’apport au projet. Mais la nature du lien particulier de Senghor à la France, ainsi que des données intrinsèques à la personnalité de ce grand poète francophone et une intelligence pratique présidant à son engagement pour la démocratie, tous ont fait de lui la figure de proue du projet francophone modernisé.

Aussi, nous semble-t-il, le principal objectif d’un colloque sur « Bourguiba, mémoire d’avenir » devrait être la dynamisation, à l’échelle internationale, d’une recherche critique et d’une réflexion analytique autour des dominantes civilisationnelles du projet francophone du début des années soixante du siècle dernier qui, entretemps, a évolué avec des heurts et des bonheurs dont il importe d’étudier les effets et les causes pour une meilleure intelligence prospective du projet.

Voilà, à notre avis, un premier axe à explorer sans personnalisation ni chauvinisme, juste avec la rationalité et l’objectivité qui relativisent les idées reçues et cherchent à aller toujours de l’avant pour trouver du nouveau ! Le deuxième axe à même de faire un second pilier fondamental du colloque « Bourguiba, mémoire d’avenir » nous paraît devoir porter sur le projet sociétal convoité par Bourguiba, au-delà même, mais sans les occulter, du projet francophone et des tiraillements liés à la question du rapport entre les langues.

En effet, les différentes langues étant porteuses de cultures variées et complémentaires, conformément au principe préconisant « Un homme vaut autant d’hommes qu’il n’en connaît de langues », c’est principalement le projet de société qui doit rayonner derrière toutes les interrogations et toutes les conversations transitant par les questions de langues.

A ce propos, il importe de rappeler ce qui a été souligné ci-dessus quant à la nécessité méthodologique de ne pas trop focaliser sur la personne de Bourguiba et de se concentrer sur les matrices fondatrices de sa pensée, au-delà de dérapages connus, par moments, dans sa tentative de mise en pratique de cette pensée.

L’essentiel est de chercher à construire sur les idées des penseurs authentiques ainsi que sur leurs insuffisances à s’avérer au niveau des espoirs mis dans leurs pensées. Oui, tout génial qu’un homme politique peut-être, il n’échappe pas au devoir d’avouer, un jour ou l’autre : « Je suis homme et rien d’humain ne m’est étranger ».

De là l’intelligence d’établir des mécanismes sociétaux favorisant la conversation solidaire et la gestion rationnelle de la gouvernance des sociétés, à tous les niveaux de perception de ces sociétés. Un grand pari attend le Colloque (désormais « international ») : « Habib Bourguiba, mémoire d’avenir ».

En plus de son partenariat avec le Festival de la Francophonie de Sousse, il a gagné le parrainage précieux de l’Université de Sousse et l’appui raisonné du Laboratoire de Recherche Ecole et Littératures (engagé surtout dans la publication des Actes du Colloque avant l’édition suivante, comme ce fut le cas pour la première édition) ; il a gagné aussi l’association collaborative de cadres de pensée comme le Collectif CURA (avec ses quatre associations fondatrices) et le Think Tank « Demain la Cité ».

Les recommandations finales ont insisté sur l’ouverture internationale que les organisateurs ont promis de commencer à y travailler concrètement avant la fin de l’année en cours. Disons-leur : Bonne continuation !
livre bourguiba.jpg
slim khalbous.jpg
Partager sur
Retour
Les Dernières Vidéos
Les Dernières Actualités