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- 14/06/2025 à 08:27
Le Déluge gazaoui et ses enseignements

Par Mansour M’henni
« Trop, c’est trop ! », semble crier le monde à la figure de l’arrogance criminelle de l’Etat d’Israël qui fait subir au peuple palestinien le sort le plus terrible qu’on ait jamais vu dans l’Histoire, d’après certains discours indignés ne venant pourtant pas de commentateurs arabes. « Aucun peuple au monde n'a vécu ce que vivent les Palestiniens depuis 1948... », a-t-on pu lire plus d’une fois.
Sans doute est-ce pour cela que plusieurs instances politiques et de nombreuses tendances idéologiques s’en emparent pour y trouver un cadre favorable à la valorisation de leurs compétences argumentatives et de leur efficacité manipulatrice. C’est ce qu’on a pu dénigrer comme une stratégie de plaider le vrai pour faire régner le faux, de défendre ce qui est juste pour faire passer l’injustice et la tromperie. On a vu de telles manigances prenant appui sur le prétexte de l’antisémitisme, on en voit encore qui prennent leur raison sur la douleur et le drame des Palestiniens.
N’empêche qu’il convient de ne pas se presser de classer dans cette catégorie de phénomènes, le mouvement contestataire pacifique qui s’est généralisé, à l’échelle internationale. On y voit certes des politiciens jugés suspects, des associations entichées de nombreux soupçons ; mais ils restent sans effet nuisible devant la grandeur manifeste et impressionnante de la conviction qui a mobilisé de très nombreuses populations de partout dans le monde, pour une solidarité contestataire et revendicative en faveur de la cause palestinienne.
Que peut-on tirer comme conclusions provisoires de cet événement grandiose, malgré toutes les cellules parasitaires qui y trouvent place ? D’abord que le sentiment humain est toujours vivant chez la plupart des êtres humains même si, souvent, il est camouflé par la lumière factice et aveuglante de la « politicardie » et de sa théâtralisation. Il a assez de force pour se manifester et pour manifester ses valeurs et les actions qu’elles lui dictent. Ce faisant, il met en évidence le fonds de solidarité humaine qui sommeille mais qui ne dort ni ne meurt.
N’empêche que l’enthousiasme que nous inspire ce réveil de la conscience humaniste ne devrait pas cacher les risques de débordements impulsifs non rationalisés, ni les campagnes et les manigances de scission fomentées à la faveur de l’enthousiasme contestataire. Il convient de garder le regard fixé sur les principes de base du vivre-ensemble des êtres et des choses dont, surtout, l’égalité des genres humains devant les critères de dignité, de justice et de droits. Il convient aussi de rester vigilant à l’égard des intérêts politiques égocentriquement exclusifs pour défendre le principe selon lequel « mon intérêt personnel ou celui du groupe auquel j’appartiens n’est pas à chercher contre l’intérêt des autres, mais avec cet intérêt ».
L’intérêt partagé, voilà un maître mot de la socialité foncièrement humaine ! Car la vie même est un partage ou elle n’est pas. Agissons donc pour une vie « néo-humaniste », plutôt qu’une vie « malhumaniste » qui nous conduirait vers une sauvagerie et une cruauté plus cruelles que celles qu’on attribue, peut-être injustement, à un état primaire de l’existence humaine !