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  • 13/10/2018 à 09:33

Le Livre et les médicaments

Le Livre et les médicaments

Par Mansour M’henni

Qu’on ne s’étonnera pas, j’espère, de me voir consacrer deux chroniques consécutives à la question du livre, circonstance oblige, en l’occurrence « La Foire Nationale du Livre Tunisien », une nouvelle manifestation du ministère des Affaires Culturelles, en association avec l’Union des éditeurs tunisiens et en collaboration avec l’Union des écrivains tunisiens, une manifestation dont l’édition inaugurale se tiendra à la Cité de la Culture de Tunis du 19 au 28 octobre 2018.

Mon propos aujourd’hui n’est pas davantage celui de la foire que celui d’un état d’esprit résumé par une phrase et dénotant un mal profond qui ronge sans doute le tissu de notre société et auquel il faudra bien trouver le médicament approprié, d’autant plus qu’il s’agit d’une entreprise pionnière en la matière, la pharmacie, avec un pourcentage largement majoritaire venant des finances publiques. Cette phrase aurait été « le livre » d’une commission responsable ; elle aurait été génialement construite par un des membres et (par quel génie ?) systématiquement adoptée par l’ensemble !

« Quel rapport entre le livre et les médicaments ? », aurait-on avancé comme argument pour refuser un soutien de sponsoring, aussi modeste soit-il, à la nouvelle initiative de la Foire Nationale du Livre Tunisien ! Le pire n’est pas dans la question ; il est dans la conviction, car libre à tout un chacun de refuser son soutien à quiconque, encore conviendrait-il de trouver le bon argument quand il s’agit de se justifier !

En effet, comment peut-on oublier, aussi rapidement, et aussi inconsidérément, que tous ceux qui travaillent à la fabrication des médicaments ont acquis leur savoir et leurs diplômes par les livres ? N’est-ce pas comme l’homme qui, devenu grand, nie le mérite du lait maternel qui l’avait nourri les premiers mois de sa naissance ? Comment peut-on ignorer, à ce niveau de la responsabilité, qu’une foire du livre expose et vend des livres médicaux, toutes spécialités confondues : livres de médecine, livres de pharmacies et autres disciplines attenantes comme la biologie, la biochimie, la physiologie, l’hygiène, etc. ?

Pourtant, de telles entreprises, les publiques et les privées, ont un budget consacré à l’appui culturel et à l’action associative, et ces sommes allouées à de telles actions sont soustraites des impôts à payer par l’entreprise ! L’intelligence et, dirais-je, l’engagement constructif, auraient trouvé l’idée enrichissante d’organiser dans la foire des rencontres autour des médicaments, à partir de livres appropriés ou de projets de livres, comme il en a été proposé et programmé ! Mais certains ont l’art du plus court chemin, surtout quand il ne mène à rien.

Par ailleurs, ne se pose-t-on pas, au moins une fois, à une pareille occasion initiatrice au profit du livre, comme produit national et comme sève de l’intelligence nationale, la question de savoir si le livre n’est pas un autre médicament, plus noble que d’autres et moins soumis aux spéculations et aux pénuries de différentes motivations ? En effet, quand une société est malade, la décision dont nous parlons en étant un signe évident, le livre est d’un certain réconfort, en tout cas d’un secours certain.

Messieurs de la pharmacie ! Le livre est le sang qui fait la vie et qui circule dans les nerfs et les vaisseaux de tout le corps social ; il est le vrai médicament de plusieurs maladies, dont certaines sont en pleine pharmacie. Et le livre tunisien franchira les obstacles les plus durs et les plus absurdes, pour prospérer et rayonner auprès des siens et au-delà des frontières. Tans pis pour ceux qui auront raté le train…

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