• Actualité
  • Chronique
  • 07/05/2015 à 13:14

Le nécessaire compromis social …!

Le nécessaire compromis social …!

Pr. Khalifa Chater

L'idéaltype libertaire, grand acquis de la révolution, est désormais l'objet d'une grave dérive. La fièvre revendicative a provoqué un blocage de l'appareil de production.  

Le calendrier hebdomadaire des grèves est saturé. Il s'accompagne des sit in, dans les différentes régions, paralysant les entreprises et bloquant l'investissement interne et externe. Le gouvernement affiche une certaine impuissance. Il ne peut, dans ces conditions, assurer la relance de l'économie et répondre aux attentes sociales.

La fermeture de la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) illustre la gravité de la situation.  La section régionale de Tunis des mines du Nord relevant de l’UGTT avait annoncé, le 5 mai courant, la suspension de toutes les opérations financières de la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG), pour préserver la continuité de l’entreprise et ses réserves financières. Prenons la juste mesure des effets directs et indirects extrêmement graves de  cette situation sur l’économie nationale. Ils ont été rappelés par  la Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie « CONECT», qui exprima son inquiétude : Le nombre d’emplois directs créés par la CPG dépasse les  4.900 alors que les emplois indirects s’élèvent à plus de 2.500. La  CPG  contribue à  plus de 3% du PIB national et de 10% du volume des exportations du secteur des phosphates. Son  potentiel de production de phosphate dépasse les 8 millions de tonnes (communiqué de CONECT, 6 mai 2015). Confirmant ce diagnostic, le  ministre de l'Industrie, de l'Energie et des Mines Zakaria Hamed, a déclaré, en marge de la signature d'un accord relatif à la responsabilité sociétale de l'entreprise (RSE) organisée mercredi 6 mai 2015, que l'affaire a pris un «tournant dangereux». Il a fait remarquer que la CPG n'a pu réaliser que 30% des objectifs fixés au plan de la production au cours du premier trimestre de 2015.
Certaines revendications sociales sont justifiées. Mais le contexte doit être pris en considération pour élaborer les timings des requêtes. Ne doit pas revenir aux structures du dialogue national, pour assurer la remise en marche de l'appareil productif. Il faudrait accompagner le consensus politique par un compromis social et mettre à l'ordre du jour la relégitimation de l'Etat. Une détermination politique doit assurer le contexte adéquat des réformes. Ce qui implique l'arrêt des surenchères des structures politiques et sociales.

Fait d'évidence, le processus libertaire s'est hélas accompagné par un laisser faire général, que la désillusion ne peut justifier. Il faut refaire valoir la valeur travail et la confirmer par la discipline, l'esprit d'initiative et la volonté. La réussite politique de la révolution tunisienne doit être confirmée par une relance économique, une qualité de vie, à l'appui d'un bien être social. Ultime exigence, la dynamisation de l'action de l'Etat, des institutions et des citoyens. Comment faire, pour gagner cette gageure ?

Partager sur
Retour
Les Dernières Vidéos
Les Dernières Actualités