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  • 17/09/2014 à 18:23

Le Nidaa et la maladie de la présidence

Le Nidaa et la maladie de la présidence
Par Mansour M’henni


La semaine dernière, j’analysais ici même la portée de la décision du Conseil d’Ach-Choura d’Ennahdha de ne pas briguer la présidence de la République, quitte à opter à la fin pour une personnalité « soutenable », de préférence un profil consensuel. C’est d’ailleurs ce qui a permis à ce parti de paraître comme le seul convenablement organisé et massivement mobilisé pour l’échéance électorale à l’organisation de laquelle il est en train de préparer au moins 30 mille intervenants du mouvement ou au service du mouvement.
Pendant ce temps-là, c’est la guerre déclarée au sein du Nidaa, le seul rival d’Ennahdhapotentiellement concurrentiel. Des camouflages et des dévoilements, des résistances et des exclusions, des menaces et des accusations… Le parti de BCE résistera-t-il vraiment à toutes ces secousses ? On crie à l’infiltration : Qui ? C’est à peine voilé ! Pour qui ? Personne n’ose le déclarer ! A quel prix ? Pour quel intérêt ? Nul ne le sait !

Qu’on le veuille ou pas, il est difficile de ne pas croire qu’il y a anguille sous roche : la nette divergence des opinions, jusqu’à la contradiction, est assurément le reflet d’une grande machination et d’une extrême déroute de la société tunisienne, dans une inconscience caractérisée de la société politique. Dans celle-ci, chacun y va de son petit bonhomme de chemin, entièrement obnubilé par le morceau à se couper du gâteau convoité, voire même par les miettes seulement, ramassées au terme du partage, sur les pas des favoris de la circonstance.

Peut-on conclure que le Nidaa est malade de la présidence, plus même que ne le serait son président, au dire d’un « fils renégat », selon une commentatrice par trop freudienne ?

Quel que soit le fin-fond des choses, il y a comme une nouvelle perturbation des cartes, alors qu’on se croyait en fin de partie. Normal donc que chacun en vienne à croire à ses chances présidentielles, même ceux qui sont convaincus au fond d’eux-mêmes qu’ils n’en ont aucune.

 Un ami rappelait récemment à ce propos l’histoire d’Achaab qui inventa un mensonge et finit par y croire, c’est bien de la situation. Un autre disait, sans grand tort : « la présidence est descendue tellement bas que quiconque désormais croit pouvoir y accéder ».

En tout cas, certains, trop nombreux pour notre pays, sont malades de la présidence et pas seulement le Nidaa. Les seuls partis à avoir l’intelligence de l’extirper de leurs corps pour la fourrer dans les corps des autres, ce sont Al-Massar et Ennahdha. Et ce n’est pas pour les mêmes raisons.

Mais de fait, dans tout ce folklore monté de mille pièces, les Tunisiens risquent de voir leur intérêt immédiat, et peut-être même leur avenir, couler dans les eaux marécageuses qu’on fait couler à leurs pieds, miroitante à envoûter, pour les voir s’y noyer comme Narcisse, amoureux fou d’une image inversée de lui-même et du décor qui l’entoure.

Un homme prévenu en vaut deux. À bon entendeur, salut !

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