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  • 03/02/2015 à 13:46

Le nouveau gouvernement : la classe politique à l'épreuve

Le nouveau gouvernement  : la classe politique à l'épreuve

Pr. Khalifa Chater

Le nouveau gouvernement est-il en apesanteur, par rapport à la classe politique tunisienne ? 

Il met à rude épreuve le parti Nida Tounis et le parti anti-Nahdha, surpris par ce processus d'équilibrisme. Nouvelle donne, le Front populaire, l'allié d'hier, s'érige désormais en adversaire politique, dans l'éventuel affrontement idéologique droite/gauche, qui prend le relais de la confrontation identitaire, sous la troïka.

Le comité exécutif de Nida Tounis, réuni le 31 janvier, a recommandé la constitution d’un gouvernement qui « respecte la volonté des électeurs de Nidaa Tounes et reflète le programme politique du parti et son projet de société moderniste ». La motion insiste sur : « La nécessité d’établir des coalitions qui prennent en considération l’avis des électeurs de Nidaa Tounes, et capables de réaliser les aspirations du peuple …» La formule diplomatique adoptée fait valoir le rejet d'une participation, du parti an-Nahdha au gouvernement. Le comité exécutif obtient une victoire idéologique, en prouvant que sa ligne est au diapason des exigences de l'électorat, y compris la gauche. Il n'a pas pu imposer ces réserves au premier ministre désigné.

La nouvelle donne gouvernementale mettait Nida Tounis à l'épreuve. Pouvait-il casser "le schème autoritaire" ? Depuis sa création, Nida Tounis vit de ses propres contradictions, tempérées par le charisme de son fondateur.  Certains de ses membres calment leurs tentations de départ.  La réunion du dernier comité exécutif marque le trimphe des frondeurs,qui font valoir le respect des électeurs sur les arrangements des Establishments. La décision de former un bureau politique, rassemblant les divers courants pourrait compenser le report du congrès.

Le parti an-Nahdha mécontente ses partisans qui admettent sa), au sein du gouvernement redimension (1 ministre et 3 secrétaires d'Etat. D'ailleurs, son aile radicale s'oppose à l'abandon de son projet de société. Mais les résultats électoraux et la donne régionale dominante  expliquent son profil bas. Le choix de ministres indépendants constitue son lot de compensation. An-nahdha peut également  se réjouir d'avoir privé le camp d'en face d'une partie de ses arguments. Par ce jeu de rôle, cette alliance contre-nature, la mouvance démocratique,  perd ses deux angles attaques favoris : l'opposition au régime théocratique et l'appréciation de l'échec gouveenemental de la troika.

Position assumée, le Front Populaire se place dans l'opposition. Son entrée au gouvernement aurait mis à rude épreuve son idéologie et son identité. Pouvait-il s'accommoder de l'option libérale du nouveau gouvernement, alors qu'il prone l'intervention, dans le cadre d'une démocratie sociale  - eut-il abandonné la problématique de la lute de classe, qui définit l'idéologie communiste. D'ailleurs, sa convergence avec Nida Tounis concerne exclusivement le projet de société moderniste. D'ailleurs le discours fondateur du Front Pomulaire s'inscrit dans sa culture d'opposition.

Fait d'évidence, l'unité nationale - argument évoqué par les partisans d'une alliance Nida/Nahdha - ne sunifit pas l'uniformité. Le devoir de débat est une nécessité du régime démocratique, l'institution de formations au pouvoir et d'une opposition, créant une opportunité d'alternances. Le nouvel Establishment peut-il gagner son pari du "temps long" ? 

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