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  • 15/01/2015 à 09:40

Le pari sur la jeunesse

Le pari sur la jeunesse

Pr. Khalifa Chater

Lors de la cérémonie, organisée mercredi 14 janvier 2014, anniversaire de la révolution, le Président de la République a tenu à réhabiliter la jeunesse tunisienne, principal acteur de la révolution. Prenons la juste mesure de ce pari sur la jeunesse.  Il fallait, en effet, corriger le tir. 

La jeunesse a été, le grand absent des élections parlementaires et présidentielles : Responsabilité des  partis ou plutôt processus d'auto-retrait,  la transition l'a écartée de fait de la scène politique. Elle est désormais abandonnée à son sort, alors qu'elle aurait dû être associée à la nouvelle gouvernance, en tant que composante active de la société et d'avant-garde incontestable.

Comment la sortir de "la marginalité politique" ? Elle a, en effet, dans une large mesure, préféré l'abstention lors des assises électorales. Il ne s'agit certes pas d'un problème de classe. Mais la jeunesse tunisienne est souvent victime d'une vie précaire, dont il faudrait analyser les ressorts, les stratégies et les désespoirs. L'école ayant cessé de jouer son rôle d'ascenseur social, les diplômés sont confrontés à l'épreuve du chômage et du sous emploi. Point, bien entendu d'apologie de la vie oisive, dans  l'économie de survie des jeunes assistés par leurs parents. Le désespoir et l'inquiétude que suscitent des situations de chômage et de sous emploi, s'accommodent parfois des rêves utopiques de la contre-culture, qui procède du paradigme général de l'exclusion et de la frustration (François Dubert, la galère : jeunes en survie, Paris, Fayard, 1987).  Comment faire face, à cette sous-culture du retrait et dans le cas présent, d'indifférence et/ou de démobilisation politique ?

Dans notre ère de la révolution technologique, la jeunesse doit être appréhendée non par la problématique des bandes et des dérives de violences, mais plutôt par la mouvance des réseaux sociaux, leurs informations instantanées et leurs rassemblements sur la toile puis sur scène.  La mobilisation de la jeunesse tunisienne, actrice de la révolution utilisa ces mécanismes de la nouvelle ère. Elle affirma sa capacité d'exprimer et défendre ses revendications.

La mobilisation des jeunes implique "l'existence d'une certaine autonomie de l'action, qui résisterait au cercle infernal de la soumission et de l'exclusion" (ibid). De ce fait, l'appel à la jeunesse doit adopter une nouvelle approche, loin des discours angéliques et paternalistes. Nous avons affaire à des acteurs de plein droits, des citoyens qui affirment leurs objectifs et définissent leurs horizons. Ne gaspillons pas ces perspectives d'avenir de notre temps. La sagesse citoyenne doit privilégier son écoute de la jeunesse et ses dispositions à assurer sa promotion et sa participation aux mécanismes de prise de décision. 
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