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  • 11/04/2016 à 11:30

Le recentrage de l'Iran …!

Le recentrage de l'Iran …!

Pr. Khalifa Chater

Hier marginalisée, culpabilisée par l'Occident, longtemps isolée sur la scène internationale, cette grande puissance historique joue désormais un rôle central, au Moyen Orient et s'érige en grand acteur régional et même international 

: ‘‘La Perse millénaire renaît de ses cendres’’ (Armin Arefi, "le nouveau visage de l'Iran", Le Point, 7 avril 2016). Plus réaliste, Antoine-Louis de Prémonville, fait valoir son diagnostic : ‘‘de l'empire confiné au retour de la puissance", sous-titre de son livre, géopolitique de l'Iran, PUF, Paris, 17  juin, 2015). Les multiples parutions, en 2015 et 2016, atteste le grand intérêt porté désormais à l'Iran.  Hamèd Fouladvind, présente, dans cette nouvelle conjoncture, ‘‘la perse, à travers la camera obscura occidentale" (titre de son livre, Paris, l'Harmattan, 2015).  Par quoi s'explique cet engouement ?

Depuis l'élection-surprise du président modéré Hassan Rohani en 2013, après l'ère du président conservateur et traditionnaliste d'Ahmadinejad, l'image de la République islamique dans le monde connait des  changements. Mais cet effet d'annonce est confirmé, ratifié, mise en valeur, après les accords avec l'Occident sur le nucléaire (Vienne, 14 juillet, 2015). L'Occident, suivant les USA, ont pris acte des mutations au Moyen-Orient, du rôle désormais prédominant de la puissance perse, en Irak, en Syrie, au Yémen et au Liban. Ce qui a suscité une révision générale de la perception objective de Téhéran, sur la scène des conflits. Depuis lors, la donne a suscité une révision de la géopolitique, sinon une inversion des relations et une relativisation de la pesanteur des alliances.

Les analystes contemporains se rappellent ses richesses naturelles.  La fin du blocus lui redonne sa place et son rang, dans le commerce du pétrole. ‘‘L’Iran se trouve aujourd’hui au centre géopolitique du monde dans la mesure où il peut contrôler les réserves majeures d’hydrocarbures de la mer Caspienne et du golfe Persique". Il pourrait déterminer la sortie de crise au Yémen, en Irak et en Syrie, dans le cadre de la guerre d'influence régionale que se livrent l'Iran chiite et l'Arabie Saoudite sunnite. Autre considération non négligeable, dans une région affectée par le terrorisme jihadiste, d'obédience sunnite, la détente politico-religieuse que l'Iran prône ne peut qu'être ‘‘accueillie  positivement" (Delphine Minoud,  l'Iran lève un petit coin de voile", Le Figaro, 2 mars 2016). Des analystes avisés, font valoir que le processus d'accord n'est pas conjoncturel et qu'il répond à ‘‘ la soif de changement de la société civile iranienne et sa courageuse obstination à marcher vers la démocratie". Mais cette analyse optimiste relativise les positions irréductibles de l'Establishment.

Conclusion :  Peut-on affirmer que ‘‘L'Iran renoue avec son passé de quatre mille ans. Celui du « Roi des rois », Cyrus le Grand, et de sa première déclaration des droits de l'homme. Celui de la merveilleuse Persépolis, berceau de la civilisation" ("La Perse millénaire renaît de ses cendres", ibid.). Disons plutôt que la nouvelle conjoncture lui a permis de transgresser son "splendide isolement" et qu'elle est reconnue comme acteur régional, qui devrait être associé au traitement des problèmes de l'heure.

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