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- 21/08/2025 à 13:27
Le retour des festivals ?

Par Mansour M’henni
Il faut reconnaître que les festivals constituent un phénomène marquant dans les sociétés en général et donc dans la nôtre aussi. Il y a des moments où on les prend comme ils sont, comme ils vont : on y prend un bin de plaisir et on ne se soucie de rien quant à leurs conditions de faisabilité. D’autres fois, on s’y sent impliqué, surtout du fait des campagnes médiatiques qui les accompagnent, avec des faits divers et des effets divers, généralement montées par les prpfessionnels en la matière.
Dans le présent propos, je sens le besoin de penser et de partager des idées à propos des petits festivals, dans des villes ou des localités modestes, souvent réalisés comme par défi des conditions difficiles qui semblent chercher à empêcher leur existence même. Je conduis donc mes idées et mes souvenirs autour du Festival National de la Pêche de Sayada, qui a vu le jour en l’an 1986 et qui est revenu cette année, pour six jours, après six ans d’interruption.
Les soutiens étaient précaires mais la volonté des jeunes, appuyés par les vétérans et par des responsables locaux et régionaux, a permis à cette édition, malgré son retour paraissant timide, de redonner une âme enthousiaste au sens de la citoyenneté, à partir de l’engagement local et, autant que possible, sans trop de calcul à même de nuire à l’engagement citoyen. C’est cette énergie, éternellement renouvelable, qui engage l’avenir et ravive les sociétés.
Il est vrai que, peu de temps après le changement de janvier 2011, la population peu portée sur la politique politicienne a été déprimée par les nouveaux facteurs de la déception et de la frustration. Il en a résulté une nette distance prise à l’égard de l’action civile, de peur de verser dans la confusion des registres et dans la manipulation. Cela a sans doute fait l’affaire de certains, mais cela a nettement nuit à la socialité. C’est pourquoi le retour de certains festivals et de leur ambiance sympathique me paraît un acquis dû essentiellement à la société civile qu’il importe de redynamiser plutôt que de lui mettre les bâtons dans les roues. Voilà un festival que j’ai vu naître de l’esprit même des Journées culturelles ! J’ai participé, d’une manière ou d’une autre, à titre officiel ou officieux, à la plupart de ses éditions ; et je l’ai vu progresser de la dimension locale, à la régionale et à la nationale qui souvent donnait le sentiment d’une ambition manifeste d’un rayonnement international. Un jour peut-être on mettra en valeur son histoire et ce jour-là, on soulignera son retour de cette année : un retour courageux marqué par l’amour de la ville et de ses composantes civiles, animé aussi par le désir de redonner à Sayada l’image d’une ville exemplaire en matiède de dynamique associative. Un retour qui a ravivé une association de rayonnement international jusqu’à 2010, l’Association pour la Sauvegarde de la Ville de Sayada, et qui est en voie de redonner vie à d’autres.
Mais ce festival n’est qu’un exemple. Plusieurs petites villes s’activent à redorer le blason de l’action associative et à réactiver la culture authentique, la culture citoyenne. Est-ce le signe d’une Tunisie profonde qui se réveille de sa léthargie ? Espérons-le, pourvu qu’on encourage et soutienne une telle dynamique et qu’on empêche certaines malveillances de multiplier les obstacles devant elle.