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- 24/05/2025 à 09:43
Le Sport, corps physique et corps social

Par Mansour M’henni
Le titre de cette chronique est emprunté à un colloque international organisé, du 21 au 23 mai 2025 à Paris, par la Coordination Internationale des Recherches et Études Brachylogiques (Cireb) en parrainage avec La Renaissance Française, un colloque précisément intitulé « Le Sport, corps physique et corps social. Résilience et vulnérabilité ». Il faut reconnaître que l’interrogation de cette problématique interpelle la plupart d’entre nous, tant le sport, qui est censé faire fonction d’une école de haute socialité, nous donne aujourd’hui des preuves que ses effets dans les sociétés ne font que fragiliser les idéaux d’une commune humanité et cultiver des sentiments chargés d’une grave négativité.
Inutile de s’attarder sur les déboires et les manifestations fâcheuses de la pratique sportive car les nier relèverait plus d’un certain strabisme, voire d’un indéniable aveuglement. Pourtant, l’éducation physique a été introduite dans les écoles pour sauvegarder le sport de ces aberrations et pour en faire un outil de consécration des valeurs louables, fondatrices de la haute humanité. Avec le temps, on en est arrivé à se demander si le schéma ne s’est pas franchement inversé et si ce n’est pas le sport qui a fini par tirer l’école du côté d’un certain délabrement des valeurs et d’une franche fragilisation de l’éthique éducative. Ne nous pressons pas de l’affirmer mais gardons l’œil et l’esprit sur la question.
Pour revenir à l’intelligente ingéniosité ayant présidé à l’initiation de ce colloque sous ce titre, je sais que la proposition est née des derniers jeux olympiques à Paris dans l’été de 2024, et surtout d’une comparaison relativisée entre les performances des « corps sains » et celle des « handicapés ». C’étaient ces derniers qui avaient donné les meilleurs résultats ! Cela a donc introduit l’interrogation de la socialité de ce point de vue, pour remettre en question les hiérarchies établies entre les êtres humains sur la seule base de leur performance physique qu’il est plus raisonnable et plus honnête de relativiser et d’inscrire dans un tout évaluatif centré sur ce que l’on peut résumer par « l’éthique de la citoyenneté », censée être le pilier central de toute « éthique sportive ».
Pourquoi donc un dit « handicapé », une « être à besoins spécifiques », ne serait-il pas comme toute personne, quels que soient les avantages qu’on lui reconnaîtrait et qui ne sont en fait que des caractérisques la distinguant des autres en rapport à la nécessité de la différence et non à la hiérarchie des valeurs ségrégatives ? C’est en cela que la responsabilité citoyenne fait de la solidarité dans les différents besoins un devoir et non un acte de charité.
Pour avoir participé à ce colloque et suivi tous ses travaux, programmés en présentiel et à distance, je peux témoigner que les communications présentées et les questions soulevées dans les discussions ont ouvert, ou au moins suggéré de nombreuses pistes invitant à repenser la socialité sur une nouvelle logique de la citoyenneté, prenant en compte une nouvelle perception desdits « handicaps », pour les considérer comme des expériences enrichissantes pour l’ensemble du corps social. Tel est le cas de la race, du genre, de l’âge, de la motricité physique, de l’éveil intellectuel, etc.
A la fin de ces travaux, la Cireb et ses partenaires se sont organisés pour approfondir l’interrogation à ce propos, en invitant les intéressés à s’y associer. Noble initiative et important projet.