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  • 10/03/2016 à 13:49

Le sursaut national …!

Le sursaut  national …!

Pr. Khalifa Chater

La bataille de  Ben Guerdane  a mis en échec les terroristes de Daech, qui poursuivent depuis l'Irak et la Syrie, de leur vindicte, au service de leur fanatisme aveugle, un idéaltype de liberté, un système de gouvernance, un mode de vie moderne. Combat de civilisations, pourrait-on dire ! Il s'agit plutôt d'une guerre entre le savoir et l'obscurantisme, la civilisation et l'inculture. On avait certes sous-estimé ce radicalisme qui s'est développé au Moyen-Orient depuis des décennies, qui s'est réactualisé, sous la forme de Daech, depuis la guerre d'Irak et qui a accéléré ses effets en Tunisie, depuis quelques années. Les raids russes et occidentaux contre Daech, en Syrie et en Irak, ont suscité un important transfert de leurs partisans en Libye, profitant  de la guerre civile. S'érigeant en entité, à caractère étatique, issue de la radicalisation salafite, Daech a cru pouvoir ériger un émirat à Ben Guerdane, pour ouvrir ses horizons vers l'ensemble du Maghreb.
La guerre de Ben Guerdane atteste le rejet catégorique de la population tunisienne, de cette dérive d'un pseudo-califat anachronique,  d'un autre temps. D'ailleurs ses surenchères en Syrie et en Irak, sa réactualisation de la guerre religieuse, y compris contre les musulmans et même les sunnites, son rétablissement de l'esclavage des femmes, n'étaient pas de nature  à convaincre l'esprit tunisien. La tunisianité, marquée par l'adhésion à l'Islam zeitounien, irriguée par la lecture réformiste des grands oulémas tunisiens, depuis le XIXe siècle et l'idéaltype bourguibien, ne pouvait accepter, la mouvance obscurantiste.  Après avoir rejeté son soft power (le pouvoir de convaincre) et mis en échec son hard power (le pouvoir de contraindre), elle le mit en situation de hors jeu. Dans cette ferveur populaire, exprimée lors de l'épreuve, cette émouvante unité, doit-on voir les signes évidents, d'un sursaut national ? Sous l'aiguillon de la douleur, un élan nouveau se dessine. "Les terroristes ne sont grands, que par ce que nous sommes à genoux" écrivait il y a cinq siècles, Etienne de La Boétie. La situation actuelle atteste que notre peuple debout ne peut admettre de telles dérives. Mais la mobilisation générale condamne tout discours ambigu. Elle invite la classe politique, dans ses différentes composantes, à faire valoir un processus d'autocritique, pour corriger les aléas d'une politique politicienne. La bonne gouvernance exclut la transgression des principes. Soyons à l'écoute du discours national, des héros de ben Guerdane.
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