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  • 25/09/2014 à 12:11

Le Tunisien peut-il tirer profit de la confusion actuelle ?

Le Tunisien peut-il tirer profit de la confusion actuelle ?
Par Mansour Mhenni
Les Tunisiens sont plus que jamais perplexes devant la confusion qui caractérise le paysage politique de leur pays. D’abord deux cents partis, ensuite 70 candidats à l’élection présidentielle.
Il y en a qui se perdent dans la recherche d’une voie pour un engagement partisan parce qu’on leur a d’abord dit que l’instant nodal que vit la Tunisie exige ce type d’engagement. Il y en a aussi qui ont préféré temporiser et éviter tout engagement partisan de peur de se retrouver à servir des intérêts autres que ceux de la société tunisienne ; ils se sont alors contentés d’une posture d’observation active, d’adhésion critique, saluant les actions jugées positives, remettant en question les démarches discutables et les profils considérés comme suspects ; c’est un peu ce qu’on appellerait, sans vanité, des indépendants patriotes. Et puis, il y a les autres...
Mais cette perplexité résonne tantôt d’un son heureux et optimiste, tantôt d’un crissement pénible comme un gémissement ennuyé. Certes, les deux attitudes se justifient ou s’expliquent, une question d’humeur ou de point de vue ; mais l’avenir est là, assez proche, épiant par-dessus les épaules et lorgnant du côté de la proie ou de la dulcinée, l’incontournable Tunisie. En effet, de quelque point de vue qu’on se reconnaisse, son intérêt à elle devrait demeurer inaliénable pour tous, et cet intérêt est aussi dans son image de marque.

Je comprends ceux qui trouvent une source de satisfaction dans le nombre exorbitant des candidats à la présidentielle : une marque de démocratie, nous précise-t-on ! Mais pas n’importe qui et pas du n’importe comment, car à la fin, cela devient du n’importe quoi. Il y a des conditions précises pour candidater et le bureau d’inscription devrait trier à la base : un dossier ne répondant pas à toutes les conditions est rejeté d’office. Peut-être l’ISIE avait-elle ses raisons de fonctionner ainsi, on aurait aimé le savoir auparavant ou sur les lieux. Heureusement, elle serait en train de se racheter autrement.

En effet, qu’est-ce qu’un candidat à la présidentielle qui ne répond ni à presque aucune condition ni même à l’âge requis ? Et l’observateur d’ajouter : « La présidentielle ? Tu amènes ta carte d’identité et tu viens t’inscrire ! ». Il est vrai que depuis près de trois ans, on a tendance à prendre la présidence pour une mauvaise plaisanterie, voire pour une catharsis de maladies infantiles ; mais à présent, il est temps de redonner à nos institutions, leur valeur, et à la plus prestigieuse d’entre elles, la présidence, son aura. Quelles que soient les attributions ! Et elles ne sont pas des moindres, même avec la nouvelle constitution.

Non, le folklore observé aux inscriptions pour la candidature à la présidentielle n’a rien d’une conscience politique, ni d’ailleurs d’un sens souligné de la rigueur organisationnelle. Le pire, c’est que les médias sont tombés dans le jeu et on en a vu qui se concentraient plus sur les badauds de cette opération (en fait, ils étaient venus pour cela) que sur les candidats respectables.
Les candidats vraiment sérieux, avec un programme, une vision et une expérience, combien y en a-t-il ? Je n’irais pas jusqu’à l’extrême, comme celui qui a commenté le spectacle en disant : « Tu sais, à part une demi-douzaine de candidats sérieux et peut-être autant qui sont mus par des combines occultes (politiques ou financières), les autres, c’est les clowns d’une vraie mascarade. »

Une opinion qui se respecte peut-être, mais une vingtaine, allons !
Maintenant que le premier épisode est joué, osons espérer une suite plus respectable de cette opération de grande importance pour la démocratisation de notre société, car à tout vouloir mettre dans la démocratie, on risque de la vider de toute valeur et de toute crédibilité. La démocratie est aussi et d’abord une question de responsabilité.
Osons surtout espérer que le folklore de la présidentielle ne permette pas à certains d’infuser leur venin dans les élections législatives, ô combien déterminantes pour notre avenir. En brûlant la priorité, la présidentielle jouant alors le rôle d’un divertissement qui n’est sans détourner, au moins partiellement, l’attention due aux législatives. La vraie régulation de cette situation peut se dagager d’une concertation sur la question entre l’ISIE, la HAICA et les responsables des médias.
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