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  • 09/01/2019 à 12:52

Les présidentielles en point de mire

Les présidentielles en point de mire

Par Mansour M’henni

L’année 2019 a déjà annoncé ses couleurs, celles des différentes listes électorales qui se confirmeraient à l’orée de l’échéance de son quatrième trimestre. Chacun y va déjà de sa propre stratégie, modulée en fonction de ses objectifs et des principales manœuvres jugées nécessaires.

Evidemment le grand enjeu semble se situer au niveau de trois mouvances politiques, celles du parti dit de Youssef Chahed en constitution imminente, celle du Nidaa sur la voix d’un congrès de la dernière chance, et celle d’Ennahdha avec ses piqûres à effet variable, entre la séduction et la provocation, entre la douceur et la terreur.

A ce niveau, si le processus des législatives ne peut que se dérouler dans l’ordre des choses, celui des présidentielles, à deux tours, crée déjà le spectacle et suscite les commentaires les plus divergents.

Déjà le spectre de chacun des « Deux Vieux », en l’occurrence BCE et R. Ghannouchi, est brandi en éventail devant l’éventuelle candidature de Y. Chahed à la présidence de la République. Mais à bien y penser, il y a à se demander si, avec le système politique en cours, l’actuel président du Gouvernement serait vraiment tenté par le poste, celui, en apparence, convenant mieux à une « poupée du Palais » en fin de parcours. Trop tôt pour y voir clair, surtout qu’à tous les coins de l’itinéraire, d’autres acteurs se préparent à entrer en jeu, les uns avec l’espoir d’un ultime coup de grâce ou d’un don du ciel, à la façon dont avait profité un Moncef Marzouki en 2011, bien que les choses paraissent à présent répondre d’une autre logique.

Sur la liste d’attente, il peut y avoir foule vraiment, au vu des spéculations actuelles, même si un bon nombre des candidats de 2011 n’y auront plus de place, même pour la simple fantaisie, surtout si une rigueur est adoptée pour ne pas permettre l’arnaque de l’argent public au nom d’une démocratie qui n’en aurait que le nom.  Il y aura certes des candidats indépendants, mais ceux-ci devront y mettre le prix. De ce point de vue, on parle beaucoup d’une candidature de jeune pour les jeunes et leur cause ; ce serait celle de Nizar Chaari. « Pourquoi pas ? », aurait-il dit récemment. Restons sur cette interrogation.

Du côté des partis déjà constitués et politiquement actifs, tous pourraient présenter chacun un candidat, mais cela dépendra essentiellement des différentes coalitions et surtout du marché des voix. Néanmoins, un autre revenant compte prendre part à la course, à sa façon ; c’est Omar Shabou dont la dernière vidéo diffusée sur sa page facebook pour le jour de l’an est on ne peut plus explicite sur ses intentions malgré l’air de noyer le poisson qui la caractérisait. Rappelons qu’il avait levé le drapeau de la destourianité en 2011, sans trop d’effet, ni dans les élections de 2011, ni dans celles de 2014. Il semblerait même que son parti n’existe plus depuis une certaine « fusion » dans le projet, puis le parti de Nidaa Tounès. N’allons pas chercher dans les raisons du divorce qui s’en est suivi, restons sur le présent et l’avenir, depuis au moins l’annonce par A. Shabou d’une nouvelle structure politique à fonder avec l’entrée de 2019. Pour les besoins de la cause électorale, dirait-on !

Le jour de l’an, le parrain non déclaré du journal « Ach-Charaa El Magharibi », ultime recours de dépit et de déception après l’expérience malencontreuse d’Al-Maghreb, dit avoir reporté l’annonce de la création de sa structure politique et accompagne ses vœux d’un développement politique pour la patrie, ne ménageant aucun moyen pour dénigrer Youssef Chahed, mais demeurant dans « le respect » de Béji Caïd Essebsi dont il ne voit plus l’utilité dans la prochaine course politique. L’essentiel de l’allocution sur vidéo porte sur la nécessaire mobilisation citoyenne pour les élections législatives. Pourtant, nous croyons savoir, de source on ne peut plus sûre, que Shabou cible d’abord et surtout la candidature à la présidence de la République. Sans doute est-ce plus intelligent de ne pas s’y lancer d’emblée, la tête la première. D’aucuns diraient : « Et avec quelles chances aussi ? »

Il a été question, ci-dessus, de marché et de marchandage ; la politique politicienne, c’est d’abord cela. A. Shabou le sait bien. Kamel Morjane en a tiré la leçon tardivement en 2014. Le jeu s’anime, de quoi amuser la foule et animer les médias, pendant que le pays est dans cet état qui ne se décrit pas.

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